Réflexions futiles, choses vues et souvenirs inspirés par la ville et ceux que l’on y croise.
Un 15 août à Toulouse, 8h20. Sensation agréable d’avoir la ville à soi tout seul. Le tabac-presse de la rue du Poids de l’Huile – le bien nommé Le Temps de Vivre – est tout de même ouvert et permet de se ravitailler en presse fraîche. Cet intermède mis à part, nous n’aurons croisé que deux touristes s’engouffrant dans une station de métro, deux joggers et un SDF entre la place Esquirol et la place Jeanne d’Arc où la vie semble reprendre, certes timidement, son agitation. Paris au mois d’août est une mythologie française possédant ses chansons, ses films, ses romans, mais Toulouse au mois d’août n’est pas mal non plus. Un sentiment de latence glisse entre les rues. Les autochtones ont été remplacés par des touristes qui ne suffisent à compenser les absents. On ne s’en plaint pas.
Certaines devantures de boutiques de vêtements ont déjà enfilé leurs tenues d’automne, ce qui ne suffit pas à nous faire frissonner. Bermudas et maillots de bain sont en promotion. La rentrée pointe le bout de son nez avec ses convocations et ses rappels à l’ordre. Elle attendra encore un peu, légèrement vexée. Sa revanche approche. D’autres magasins sont en travaux, se refont une beauté, changent de propriétaire ou d’activité. Il faudra vérifier cela en septembre, le mois des ouvertures et des nouveautés. Nous avons noté un ou deux restaurants à découvrir.
Le mois d’août est charmant et charmeur. Il évoque un gros chat engourdi et ronronneur. Août s’étire, rentre ses griffes, a les yeux mi-clos, esquisse des bâillements inachevés. Dans les rues, des étrangers tentent de se repérer en ouvrant leurs plans. Apparemment, les téléphones portatifs et leurs multiples applications n’ont pas réponse à tout. De jeunes facteurs et factrices filent dans les rues, eux aussi apprennent la topographie urbaine avant de laisser les titulaires reprendre possession de leurs tournées.
Quand on croise une connaissance, la conversation est toute trouvée. Alors, ces vacances ? Bonnes ? Trop courtes ? Beau temps ? Atlantique ou Méditerranée ? Mer ou montagne ? Espagne ou Grèce ? Pas encore parti ? L’autre jour, Philippe W, de retour de Cadaqués, nous exposait sa ligne de conduite : « Moi, en juillet et en août, je ne peux pas bosser. » Imparable.
Le mois d’août peut aussi être synonyme d’ennui. Afin de tromper celui-ci et d’assouvir ma passion pour le cinéma, lorsque j’étais collégien et lycéen, ne sachant plus que faire de ces deux mois et demi de vacances, je fréquentais assidument les vidéo-clubs de la ville, en particulier celui de la Fnac Saint-Georges et celui de la chaîne Sigma de la rue Paul Meriel. Séries B, séries Z, classiques : il y en avait pour tous les goûts. La VHS a disparu et avec elle ces boutiques, un temps sursitaires grâce à la location de Laserdisc et de DVD, avant que la dématérialisation ne vienne même à bout des boutiques vendant des DVD ou des Blu-ray. Je songeais aux vidéo-clubs de ma jeunesse, jeudi soir, en dînant place Saint-Etienne sur la terrasse du Philibert. Jean Le Gall me faisait part de son désir de publier un livre dont le titre serait Le vidéo-club va fermer. Il était 23h30 et le moment de se quitter. Une demi-heure plus tard, nous serions le 1er septembre. Cela va trop vite. Soyez sympas, rembobinez…