Dans une banlieue parisienne, Dounia et Maimouna sont des amies, à la vie à la mort. Maimouna (Déborah LUKUMUENA) est la fille de l’Imam du quartier, elle assiste aux prières, et suit un BEP accueil. Dounia (Oulaya AMAMRA) ne vient plus prier, plaque le même BEP car elle veut se faire un max de thunes. Ce qu’elle veut surtout, c’est sortir de là, puisque dans le quartier, elle n’est que la « bâtarde ». De petits larcins aux rigolades, Mainmouna suit Dounia quand celle-ci décide de travailler pour Rebecca (Jisca KALVANDA), la dealeuse qui impose sa loi.
Sur le papier, rien pour me donner envie. Peur d’un énième « film de banlieue » avec des motifs/clichés/stéréotypes trop vus, ou d’un langage où je comprends un mot sur deux. Et le discours de la réalisatrice Houda BENYAMINA quand elle a reçu le prix de la Camera d’Or au Festival de Cannes (prix du meilleur premier film) ne m’a pas convaincue davantage, au contraire même. C’est plutôt la chance de pouvoir discuter avec les gérants des cinémas, qui font leur programmation et leur « j’étais comme toi, mais Divines, c’est autre chose ».
Divines est en effet un film très riche, où tout s’articule facilement, et sans lourdeur. Comme le titre l’indique, il est question de religion, d’élévation spirituelle, de pardon. Il est question aussi d’énergie, de ne jamais baisser les bras, de se relever quelles soient les chutes. Mais Divines ne propose pas que la drogue comme moyen de sortir de la banlieue. Dans cet univers féminin, il y a un vigile de supermarché, Djigui (Kévin MISCHEL), qui lui aussi veut sortir de la cité, mais cette fois-ci, pas par l’argent que Dounia est prête à tout pour avoir, mais par sa passion, la danse. En plus des genres inversés, Djigui propose des scènes d’une rare sensualité, qui s’opposent à la brutalité du quotidien de Dounia. Et puis, tout le film est construit en miroir : l’incapacité de Dounia à rester calme malgré les conseils de son prof de BEP/la scène finale où Dounia doit se faire entendre des adultes ; le fait qu’elle ne veuille plus être appelée « bâtarde »/la peur de répondre quand Djigui lui demande son prénom ; être présente pour une mère qui n’en a que le nom/sa réaction quand sa mère agit comme telle ; voler dans le supermarché/ne plus y être les bienvenues quand elles ont les moyens de payer etc. L’énergie d’Oulaya AMAMRA et de Déborah LUKUMUENA nous entraînent avec elles dans cette histoire où rêves et réalité, beauté et violence ne font qu’un. Grande réussite !
Divines de Houda Benyamina, en salles. Avec Oulaya Amamra, Déborah Lukumuena, Kevin Mischel.
Divines est un des coups de cœur de l’Américan Cosmograph pour leur Fanzine numéro 3 !