Originalité, révolution,
Présenté avec enthousiasme par Bruno Mantovani ce concert admirablement organisé a bousculé l’ordonnancement des concerts symphoniques habituels.
La modernité des cinq pièces pour l’orchestre de Schoenberg est encore bien palpable mais l’écoute en est facilitée par une lecture d’une clarté bien agréable.L’orchestre réagit sans retenue à la direction à la main de
Bruno Mantovani. Beauté des timbres précisions de chaque instant permettent une écoute non dénuée de vraie beauté.
Ensuite le concerto pour violon que Mantovani a composé en 2012 et qui a été crée par Renaud Capuçon ne pouvait donc trouver meilleurs interprètes ce soir que le compositeur et le dédicataire. Sur le principe d’aller retours et de dialogues évoquant la permanence de l’eau, les instrument de l’orchestre, hautbois, flute, clarinette et le soliste ont ainsi débuté ce concerto mouvant. La transparence de l’orchestration,digne de Ravel ou Debussy,rend hommage au pièces aquatiques « jeux d’eau » et «la mer». Mais cette délicatesse débutante évolue vers toutes sortes de mouvement aquatiques et marins parfois des plus violents. Le violon de Renaud Capuçon, très lyrique sait aussi se fâcher et entre doubles cordes et rythme trépidants participer aux aventures complexes de l’eau. Loin d’une pièce décorative ce concerto permet un voyage passionnant au travers de toutes les possibilités expressives tant du violon solo que de l’orchestre. Le compositeur dirige son concerto dans une grande complicité avec le soliste et met en lumière structure, nuances et couleurs avec panache.
En début de deuxième partie le trop court « chemin » de Bério pour hautbois nous permet de retrouver le très aimé Olivier Stankiewicz qui a été le hautbois solo de l’Orchestre du Capitole jusqu’à l’an dernier. La couleur si expressive, les nuances subtiles et la virtuosité que rien ne retient ont été très bien employées dans cette pièce si délicate. L’enchantement a été de bien trop courte durée. La aussi l’entente entre le chef et le soliste a été admirable et la battue si précise a permis aux cordes de ne faire qu’un avec le hautbois si élégant d’Olivier Stankiewicz.
Pour finir ce beau concert la symphonie n°5 de Schubert a été interprétée avec beaucoup de plaisir par un orchestre et un chef en osmose. Le coté printanier heureux et la présence de danses et de fêtes ont provoqué une montée de gaité sur scène comme dans la salle. La beauté de cette symphonie en hommage à Haydn et Mozart a semblé évidente et la modernité de cet hommage avec une grande richesse de composition a été mise en valeur par un Mantovani heureux comme… un poisson dans l’eau! Ainsi le lien aquatique du concert a été malicieusement évident.
Ce n’est pas la symphonie de Schubert qui a été la moins audacieuse des compositions du soir, sachant ouvrir à une grande originalité une apparente dévotion aux modèles, elle a surtout été indubitablement l’oeuvre la plus fluide et la plus fédératrice de bonheur.La clarté de la direction de Mantovani a fait miroir avec la pureté des sonorités, la précision des attaques et des rythmes, la délicatesse des nuances:de la très belle musique partagée.
L’ovation pour le brillant chef-compositeur et l’orchestre du Capitole a duré un beau moment, signant l’adhésion complète du public.
Compte-rendu, concert. Toulouse,
Hubert Stoecklin