Un grand nombre de festivals de musique actuelle s’uniformisent en France depuis quelques années, en termes de programmation comme de format. Parallèlement, certains arrivent à garder et même approfondir leur originalité, les Siestes Electroniques font partie de ceux-là : le festival gratuit invite le public à s’allonger dans l’herbe et écouter en profondeur les artistes, qui depuis l’an dernier sont maintenus secret jusqu’à la dernière minute.
Cet événement est en effet une chose à part entière. Depuis maintenant 15 ans, le public très varié ne se lasse pas de ce rendez vous. C’est dans un beau cadre, le jardin de Compans Caffarelli, sur une pelouse accueillante que les gens seront amenés du 22 au 26 juin à se prélasser en fin d’après-midi et début de soirée en écoutant des artistes de musique électronique, musique actuelle et autres musiques « aventureuses ». Ce cadre et ces horaires rendent l’événement tout public : à la fois pour les passionnés mais aussi pour un public familial, pour les jeunes, pour un « afterwork », tous les âges sont conviés.
Surprise, confiance et curiosité
L’an dernier, ils ont prit le pari de ne dévoiler la programmation qu‘à la dernière minute. Ce n’est pas pour faire du buzz qu’ils en avaient décidé ainsi, mais plutôt pour tester la fidélité du public. Le public toulousain a bien réagi à cette orientation, il était au rendez vous. Seul bémol, explique le directeur artistique du festival dans une interview, c’est la déception du public de passionnés qui venait de loin pour voir les artistes rarement invités aux festivals qui se produisent aux Siestes. Certains diront qu’il est facile de faire ça lorsqu’on est un festival gratuit, certes, mais ce n’est qu’à moitié vrai : il ne faut pas oublier qu’une bonne partie des recettes du festival vient du bar, donc directement lié à l’affluence du public. Ce choix était donc quelque peu risqué, mais étant donné l’ancienneté du festival, son cadre, son type de programmation, sa philosophie et son format, cette décision ne fait qu’approfondir l’identité de l’événement et la relation de confiance qu’il entretient avec son public.
La programmation est pointue et propose généralement de belles exclusivités. Autoproclamé « festival de musiques aventureuses », l’événement appelle en effet chaque année des artistes inédits en France et rarement sur scène en général. Il est important de souligner l’avant-gardisme du choix de certains. Bambounou, le parisien sur le label berlinois 50Weapons qui était cette année parmi les beaux noms du Weekend des Curiosités il y a quelques jours, était aux Siestes en 2013. Le génie Nils Frahm, aujourd’hui grand pianiste contemporain qui a réalisé multiples collaborations et qui marie brillamment musique classique et musique électronique, était présent en 2012. Apparat était là en 2003, et la liste est encore longue. Bref, bien loin des logiques commerciales, cette programmation est faite pour faire découvrir au public des artistes judicieusement choisis, en mariant différents styles, avec parfois un peu de provocation.
Même s’ils ne les annoncent pas directement, l’équipe des Siestes laisse place aux devinettes en donnant des indices. Avec un peu d’humour, ils décrivent l’esthétique des soirées et des artistes invités sur leur site internet. Une playlist musicale a aussi été faite pour le site de rencontre AdopteUnMec, partenaire du festival.
L’association Rotation qui organise l’événement, fait partie de ICAS (International Cities of Advanced Sounds), un « réseau de festivals indépendants dédiés aux cultures numériques au sens large et aux musiques aventureuses plus précisément » peut-on lire sur leur site. Depuis 2015, 16 membres du réseau on monté, dans le cadre du programme Creative Europe initié par l’Union Européenne, la plateforme SHAPE. Cette dernière, prévue sur trois ans, consiste à promouvoir et soutenir les musiciens et artistes interdisciplinaires ayant un lien avec le son et les arts audio-visuels. Elle permet de proposer aux publics et aux professionnels des ateliers et conférences ainsi qu’un catalogue de 48 artistes choisis par les 16 acteurs.
OFF et partenaires locaux
Il ne faut pas oublier les soirées OFF du festival. En co-production avec bon nombre d’acteurs toulousain des musiques électroniques, 4 événements ont lieu en parallèle du festival. On commence le vendredi 24 avec la We Have Noise qui commence tôt au Rex, co-organisé par Cham’Caine Records et The Dot Project. Au programme, des lives, des DJ sets, des artistes locaux et du Vjing. On enchaîne le même soir dans un lieu original, le Plat-Up vers Montaudrant. Une soirée organisée par l’association Fall Industry, qui nous ramène pour l’occasion une sacré tête d’affiche : l’allemand Answer Code Request, résident du Berghain (rien que ça). Psaum de La Chinerie ainsi que Ken Aki d’Overdrive et Tom Baretta de Fall Industry seront aussi de la partie. Le samedi, le Boudoir Moderne organise la première pratie de l’after, à partir de 22 heures au Connexion Live avec La Décadanse et le bordelais FLVN. Pour les plus en forme, Overdrive et Regarts nous proposent un beau plateau au Bikini : Rodriguez Jr, The White Shadow et Miska.
Dans la continuité de collaborer avec les acteurs locaux, le festival permet aux BTS Aménagements Paysagers de Auzeville Tolosane de réaliser l’aménagement de l’événement dans le parc de Compans-Caffarelli, une expérience sans nul doute enrichissante et valorisante pour ces jeunes. En plus de ça, l’interactivité avec le public vient perfectionner le concept des Siestes : pour les curieux ou les amateurs de création et d’expérimentation musicale, une multitude d’ateliers et démos sont proposés. Au programme, présentation de nouveaux instruments de musique, séances libre d’initiation à la musique assistée par ordinateur (MAO), débat sur la création musicale et le design d’interfaces, atelier de découverte approfondie du logiciel Ableton Live, atelier de création de modules pour synthétiseurs modulaires, projection du documentaire Dream of Wires, etc. Plus d’information sont disponibles dans leur livret de 72 pages qui présente le festival ici.
Bref le festival des Siestes Electronique est un événement plus qu’innovant. Contrairement à un grand nombre de festivals qui voient leur programmation s’uniformiser à l’échelle nationale (comme le démontre l’intéressante étude de Sourdoreille), le festival des musiques aventureuses propose une formule unique. Depuis maintenant 5 ans, les Siestes se sont exportées à Paris au Quai Branly et ce n’est pas pour rien.
Site internet des Siestes Electroniques
Facebook des Siestes Electroniques
Evénement Facebook des Siestes Electroniques
Evénement Facebook des Rencontres Futurisme
Lieu : Jardin de Compans-Caffarelli
Tarif : gratuit
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