Rio Loco, ce n’est pas qu’un festival sur la prairie des filtres à Toulouse. C’est l’événement culturel immanquable qui marque le début de l’été dans la ville rose. Après la 20ème édition en 2015, le festival est toujours en bonne santé et allant du folk galicien au hip hop écossais, les quatre jours de festivités nous propulseront cette année dans la thématique des « mondes celtes ».
Ces dernières années, les cultures lusophone (2012), antillaise (2013), caribéenne (2014), et le panel « Europa – America – Africa – Occitania » (2015) avaient bien fait voyager le public. En 2016, la thématique des « mondes celtes » en fera tout autant en allant de l’Espagne jusqu’au nord du Royaume Uni : les Asturies, la Galice, la Bretagne, l’Ecosse, l’Irlande, le Pays de Galle, l’Ile de Man et les Cornouailles seront à l’ordre du jour. Une belle liste de destinations, pour une multitude de richesses culturelles à découvrir.
Historiquement, l’apogée de la « civilisation celtique », se situe entre le VIIIème siècle avant J.C. et le IIIème siècle, et géographiquement sur une très vaste partie du continent européen, jusqu’à l’Asie Mineure. Aujourd’hui il est évident qu’il n’a pas existé une unique culture ni une civilisation celtique unie. En effet, la période de l’expansion des peuples celtes, ainsi que l’ampleur géographique de cette dernière démontrent que le concept celte s’est surtout construit par les écrits postérieurs à cette époque.
La thématique du Festival Rio Loco des mondes celtes, au pluriel, est donc passionnante car présente une multitude d’artistes et d’activités d’origines géographiques et culturelles variées, mais reliées entre elles par le fil conducteur de la racine celtique.
Mercredi 15 juin
L’événement sur la prairie des filtres commencera avec en ouverture des festivités Patrick Molard, le grand joueur de cornemuse breton. Agé de 61 ans et professeur à l’école de musique de Carhaix, le multi-instrumentiste est avec son frère reconnu comme un expert de la musique et de la culture celtique bretonne.
Sur la scène Pont-Neuf, le groupe Irlandais mythique The Chieftains qui popularise la musique traditionnelle irlandaise depuis 1962. De plus, le chanteur breton Denez, ainsi que le trio de folk anglaise Moore Moss Rutter seront de la partie. Pour plus de modernité, c’est Hector Bizerk, un groupe de hip hop écossais expérimental très particulier et innovant, qui clôturera la scène Village.
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Jeudi 16 juin
Le lendemain, un groupe de folk à vent inaugurera la soirée. Cuarteto Caramuxo était à la base un quartet, aujourd’hui composé de six membres qui proposent une musique traditionnelle de Galice depuis maintenant bientôt 20 ans : la formation présente percussions, accordéons et nombreuses clarinettes différentes. Sam Lee, le londonien auteur chanteur et interprète est connu pour rassembler, réarranger et partager des musiques anciennes de Grande Bretagne, en particulier provenant des communautés nomades irlandaises appelées les Travellers. Le Rio Loco sera pour lui son premier concert en France. Offshore Quartet est un jeune groupe breton de jazz rock breton, influencés par la culture de leur région et leurs origines musicales : ils sont quatre musiciens ayant chacun déjà fait leurs preuves avec d’autres projets. Jacques Pellen, Karim Ziad, Etienne Callac et Sylvain Barou vous emmèneront leur univers envoûtant sans difficulté.
Sur la scène Pont-Neuf, place aux perles rare : les fameux irlandais émigré à Boston Dropkick Murphys viendront en France cette année pour balancer leur punk celtique seulement deux fois : au festival de métal HellFest et au Rio Loco ! Actifs depuis 1996, ils ont à leur actif maintenant une petite dizaine d’albums et ont réalisé plusieurs tournées internationales. Kila sur la même scène proposera ses chants gaéliques tribaux.
Vendredi 17 juin
En tête d’affiche un duo étonnant : le chanteur breton Eric Marchand accompagné du pianiste jazz franco-serbe Bojan Zulfikarpašić, heureusement pour nous plus connu sous le nom Bojan Z. Par la suite, The Magnetic North livreront leur pop folk, ce groupe notamment connu pour la présence de Simong Tong, guitariste de Blur, Gorillaz et The Verve (rien que ça !). Christophe Nunez, espagnol de la Galice ayant déjà collaboré avec des artistes de renom (comme les Chieftains par exemple) est aujourd’hui une figure internationale de la cornemuse. Par la suite, Doolin, un groupe formé à Toulouse qui a déjà parcouru le monde en étant invité à jouer dans des festivals de musique traditionnelle, présenteront leur répertoire très influencé par l’Irlande. Enfin, comme le premier jour, c’est le hip hop écossais qui terminera la soirée. Les Young Fathers viendront poser leur flow étonnant de « hip hop tribal ».
Samedi 18 juin
Pour cette dernière soirée sur le lieu magique qu’est la prairie des filtres, c’est Emilie Portman & The Coracle Band qui ouvrira la scène Village. Accompagnés du musicien-auteur-interprète écossais Alasdair Roberts, la multi-instrumentiste nominée « Meilleure chanteuse folk de l’année » aux BBC Folk Awards 2016 vous emmènera dans des contrées lointaines avec sa folk anglaise. Christophe Miossec, auteur compositeur interprète breton ayant déjà 10 albums à son actif prendra la suite et proposera avec son « Petit Ensemble » une musique folk tirant sur le rock. A 21h, c’est Caxade qui sera présent. C’est une des belles trouvailles du festival : qualifiés de révélation indie-pop-folk de Galice, un petit orchestre philharmonique de 21 musicien (la Banda de Musica da Bandeira) sera avec eux sur scène afin de mettre en forme leur musique chantée en langue galicienne. La perle de la soirée en termes d’originalité sera surement le concert qui suivra : Olivier Mellano, Brendan Perry et le Bagad Cesson. Ce dernier est un ensemble de 30 musiciens traditionnels bretons, comprenant cornemuses et bombardes. Perry, le chanteur du mythique duo Dead Can Dance viendra prêter sa voix à ce projet fou. En effet, Olivier Mellano est un musicien, compositeur, improvisateur, auteur aux multiples casquettes : il a participé à plus de cinquante projets artistiques différents, allant de la musique d’orchestre symphonique au rap avec Psykick Lyrikah. Cette récente création qu’ils présenteront au festival baptisée No Land dont il est l’initiateur est à la croisée des genres musicaux : c’est « une large fresque, une forme libre composée d’un seul grand mouvement parcouru d’énergies contrastées ». Enfin, les gallois Super Furry Animals déjantés livreront leur mélange de pop-alternative et de rock indé pour cloture la scène Pont-Neuf.
Jeune Public
Ce qui est bien avec Rio Loco, en plus de permettre de découvrir des artistes émergeants, c’est qu’il y en a pour tous les goûts, et tous les âges : la scène Garonne proposera pendant ces quatre jours des spectacles et animations pour le jeune public. Le mercredi, le « Cirque content pour peu » présentera sa création « Entre le Zist et le geste », les deux artistes commencent par des portés acrobatiques avant qu’un imprévu les amènes à rentrer dans l’humour. Le lendemain, Joseph et Agnes Doherty amèneront les plus jeunes aux origines de la mythologie celtique irlandaise : des contes traditionnels mis en scène avec des instruments celtes variés (violon, flûte traditionnelle irlandaise, percussion, etc.). Le vendredi, c’est la Compagnie Vis Comica qui fera rire les enfants et leurs parents avec leur création « Concerto Loco ». Juliette Frapada et son acolyte musicien alternent musique et maladresse de clown pour le plaisir du public depuis 1998. Enfin, le samedi les bretons de la Compagnie du Nid de Coucou proposera son spectacle « marrons et châtaignes » : de la chanson pour jeune public dans un univers très proche du conte, par une chanteuse oscillant entre le clown et la poésie, accompagnée de trois musiciens chanteurs.
Le Village Culturel du festival sera aussi plein de surprises. Vous pourrez retrouver des animations et activités diverses pour tous les âges : ateliers artistiques d’origami, jeux de société, l’association Les Petits Débrouillards et leurs ateliers musicaux et de développement durable, création artistique à base d’objets de récupération par les membres de la Glanerie, jeux en bois celtes, une librairie indépendante, initiation aux sports gaéliques, et bien d’autres.
Dans la ville
Le Festival Rio Loco, c’est aussi de nombreuses activités annexes en dehors de ces quatre jours en bord de Garonne. En effet, le dimanche le Bagad Cesson ira cette fois jouer en centre ville, feront une parade qui terminera au fameux hôtel d’Assézat, historique à Toulouse. Afin d’approfondir les performances de cornemuse qui auront eu lieu, les Bufadas joueront juste après toujours dans la cours de l’hôtel. Enfin, un trio multiculturel jouant du même instrument participeront également à l’événement : Erwan Keravec (breton), Saeid Shanbehzadeh (iranien) et Bachir Temtaoui (algérien) amèneront la cerise sur le gâteau.
De plus, il ne faut pas oublier le concert de soundsystems reggae qui a lieu dans la cour du musée des Abattoirs le samedi 28 mai, Talowa Productions en partenariat avec le festival présente la quatrième édition de ce Toulouse Dub Club « Sound System Culture » avec une belle programmation : les bretons Stand High Patrol et de Legal Shot seront notamment là. La Clutchorama, événement mensuel du magazine toulousain Clutch, est aussi à souligner. Cosmic Nuggets, le créateur du visuel du festival sera invité en tant qu’artiste du mois sur le magazine, ainsi que Alex Smoke qui jouera son electro chamanique, orientée celte, et que Hypnolove. L’événement aura lieux à la Bibliothèque d’Etude et du Patrimoine, le jeudi 2 juin à 19h.
La valise Rio Loco est une fois de plus un outil d’accompagnement des publics ludique et efficace qui est en place de janvier à juin. Composée 6 livrets, elle s’adresse aux structures scolaires, périscolaires, sociales et culturelles de Toulouse, notamment CLAE, classes des écoles inscrites au programme Passeport pour l’Art, centres sociaux et structures de réinsertion, 97 structures différentes cette année.
Bref, encore une fois le festival Rio Loco nous impressionne par la diversité des événements, des activités, des performances et des ateliers proposés. De plus, la thématique traitée est complexe, mais l’organisation y arrive de manière brillante et cohérente avec de nombreuses actions et partenariats et fait de cet événement une richesse culturelle hors pair de Toulouse.
Rémi Collaveri
Tarifs :
1 jour ; 7,5€ (prévente) / 10€ (sur place)
Pass festival : 25€ (prévente) / 30€ (sur place)