Né aux États-Unis, Nicholas Angelich est pourtant un digne représentant de l’interprétation pianistique française. Son Concerto en sol de Ravel ce soir, a été un vrai régal. L’écoute d’un orchestre qu’il connaît bien et qu’il semble apprécier tout particulièrement, participe de cette belle interprétation en entente mutuelle. Le toucher racé du pianiste, son mélange de force et d‘élégance, sa parfaite maîtrise de toute une gamme de nuances, rendent son jeu très vivant. De belles couleurs irradient en particulier dans le mouvement central lent qui a été le moment magique du concert. La longue et délicate introduction du piano nous a conviés dans un monde de beauté mélancolique et de poésie élégante. Le final dans un tempo vif a permis au piano superbement maitrisé d‘Angelich de briller. Quelle aisance dans les rythmes parfaitement «Jazzy » ! L’orchestre a été brillant et très haut en couleurs. Des cordes pures, des bois exceptionnels, des cuivres taquins, des percussions en gloire.
Nicolas Angelich à Toulouse, un nouvel enchantement
Avant ce grand moment musical, le cycle de Ma Mère l‘Oye dirigé par Gustavo Gimeno n’a pas atteint le niveau de poésie ni la subtilité à laquelle nous sommes habitués à Toulouse. Un chef dont la préoccupation semble davantage maîtriser l’orchestre que de faire de la musique avec des instrumentistes d‘exception. La manière de battre la mesure lors du solo du cor anglais a fait s‘époumoner notre magnifique Gabrielle Zaneboni sans lui permettre de retrouver son phrasé naturel habituel. Ceci est un exemple de ce qui est peut être un manque de confiance du jeune chef, ou son peu de sensibilité à la dimension chambriste que la musique symphonique contient.
La Troisième symphonie de Beethoven a procédé de ce même combat, gagné par le chef à l’arrachée, avec une métrique implacable. Le sous-titre de la symphonie ne nous semble pas suggérer cet héroïsme là …
Il nous restera le grand plaisir d’avoir pu retrouver Nicholas Angelich que le public toulousain adore. Son bis de Schumann (Träumerei, extrait des Kinderszenen) a été un moment de pure grâce céleste.
Compte-rendu concert. Toulouse. Halle-aux-grains, le 5 février 2016 ; Maurice Ravel (1875-1937) : Ma mère l’Oye, cinq pièces enfantines ; Concerto pour piano et orchestre en sol majeur ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°3 « Héroïque » en mi bémol majeur ; Nicholas Angelich, piano ; Orchestre National du Capitole de Toulouse ; Direction : Gustavo Gimeno.