« Le nouveau », un film de Rudi Rosenberg
Le premier long de ce jeune réalisateur de 36 ans, plus connu sous sa casquette de comédien, est, comme à l’habitude dans ce genre d’exercice, « une opération à cœur ouvert ». En l’occurrence, Rudi Rosenberg nous parle ici de son adolescence et de ce passage délicat qui s’opère aux alentours de la 4ème.
Pour ce faire, il nous attache aux pas de Benoît, un gamin tout bouclé, une figure d’ange qui débarque dans ce collège qui a déjà ses codes et ses bandes. Bousculé, moqué par l’équipe du dénommé Charles, un fort en gueule qui a su s’attacher une véritable cour, Benoît va finalement, mais non sans mal, sympathiser avec une équipe de bras cassés laissés pour compte. C’est à cet apprentissage de l’amitié que nous assistons au travers de déceptions amoureuses qui, à cet âge, prennent des proportions cornéliennes. C’est à la fois amusant et profondément émouvant car bien prétentieux est celui qui, à un moment ou à un autre, ne se sera pas reconnu dans telle ou telle situation. Grandir, s’émanciper, s’affirmer, tel est le credo que cette jeunesse doit se répéter tous les jours, contre vents et marées et contre une cruauté inhérente à l’âge. Souhaitant installer son film au niveau du regard adolescent, aucune personne majeure n’interfère dans cette histoire. Max Bloublil, dans un second rôle jubilatoire, est le seul adulte de ce film, enfin presque adulte… La suite de la distribution, simplement de jeunes comédiens débutants, a demandé des mois et une véritable armée de « casteurs » pour être réunie. Et c’est une réussite avec en tête Réphaël Ghrenassia (Benoît), Joshua Racca et Guillaume Cloud Roussel.
Robert Pénavayre