« The Big Short, le Casse du siècle », un film d’Adam McKay
Traders, agences de notation, banquiers, hauts responsables américains, gérants de portefeuilles, emprunteurs particuliers, tous sont responsables de la faillite d’un système qui a vu l’économie mondiale frôler le précipice en août 2007.
Largement inspiré d’un best-seller signé Michael Lewis, le scénario du dernier opus de ce réalisateur américain est un foudroyant réquisitoire contre un système financier qui fit flores dans les années 2000. Le jeu, si l’on peut dire, consistait à faire emprunter à tout va à des personnes, pour le moins modeste, afin d’acheter de l’immobilier, pariant sur la montée inexorable du prix du mètre carré. Ces crédits, sans grande garantie à vrai dire, s’appelaient des subprimes, sous-catégorie des primes qui eux étaient sérieusement garantis en termes de remboursement. Se glissait dans l’opération une variable concernant le taux d’intérêt…
Un beau jour, nous sommes en 2005, quatre malins : Michael Burry (Christian Bale), Mark Baum (Steve Carell), Jared Vennett (Ryan Gosling) et Ben Rickert (Brad Pitt) réalisent que les bilans des banques sont gavés de subprimes. Leur solvabilité est donc en jeu. Les malins en question, experts financiers au demeurant, décident donc de jouer contre les banques, c’est-à-dire, en terme technique : les shorter, d’où le titre du film. Après bien des atermoiements et la réalisation de leur prédiction, ils deviendront…milliardaires ! Et il n’y a rien de plus vrai. Tout comme la faillite de Lehman Brothers, que le Secrétaire du Trésor américain Henry Paulson (ancien patron de Goldman Sachs…) refuse de renflouer. Sans parler des trop fameuses agences de notation s’opposant à la dégradation des obligations pourries. Que du beau monde ! Derrière tout cela, des milliers de licenciements, des millions de familles ruinées, des promesses de Barak Obama passées aux oubliettes. La vie est belle, non ? Oui, car après des années de mise à l’abri, la machine à cash s’est remise en route, tournant plus vite que jamais avec cette fois non pas des crédits hypothécaires, mais des prêts étudiants. La mèche de la nouvelle bombe est d’ores et déjà allumée ! Quant au film sous références, il est à voir impérativement. Un chef d’œuvre du genre.
Robert Pénavayre