De la musique avant toute chose, telle est notre devise préférée. Le Sinfónica Juvenil de Caracas dirigé par Dietrich Paredes s’est employé à la satisfaire d’un bout à l’autre de ce concert d’ouverture de la trentième saison du cycle Grands Interprètes.
On peut consulter mon annonce du concert pour les “bio“ et quelques lignes sur l’œuvre-phare.
Si le morceau de résistance était bien la Symphonie n°3, dite “avec orgue“ de Camille, le concert débutait par une mise en bouche, Margariteña, d’Inocente Carreño, quelques variations symphoniques de ce , maintenant, nonagénaire compositeur, mais une œuvre empreinte d’une vigoureuse santé et pleine de jeunesse. Suivait L’Oiseau de feu, la Suite 1919 avec ses sept numéros donnés comme à l’habitude. L’orchestre, plus qu’au complet dans la première œuvre avait laissé quelques plumes au vestiaire mais avec toujours suffisamment d’éléments pour remplir le plateau. Au bilan, une suite enlevée et fougueuse, sans précipitation des tempos, une impétuosité fort communicative, avec un orchestre tellement fourni qu’on s’étonne de le retrouver si homogène et coloré. Sans partition, comme pour tout le concert, Dietrich Paredes fait abstraction de toute référence chorégraphique pour brosser un superbe livre d’images orchestrales. Le long crescendo du “Finale“ s’enfle à l’infini, et débouche sur un monde aux lumières chaudes et scintillantes. Le chef nous conduit vers un monde sonore chatoyant, très séduisant, aidé en cela par son bataillon de musiciens tous convaincus, et radieux ! Et, osons le dire, ou plutôt, l’écrire, pas une seule chevelure grisonnante à l’horizon ! je parle, sur le plateau ! ça change……
Quant à la symphonie de notre cher Camille – décidément, c’est l’année Saint-Saëns sur Toulouse – il avait dû passer un accord avec Dietrich Paredes pour persuader les musiciens de lui donner une interprétation sans heurts et toute en finesse de sa symphonie, avec piano et orgue, ce véritable modèle d’instrumentation élégante, cette somptueuse palette du peintre-musicien. Mais, on lui a un peu désobéi car, ce que le compositeur appelait l’orchestre de Lohengrin avec les bois par trois, ici, tout est multiplié par deux !! Alors, vous imaginez l’effet produit avec huit cors, six trompettes, six trombones, deux tubas et les vents ni par deux ni par trois mais par six, et douze contrebasses et des cordes de partout. L’orgue a réussi à se faire entendre, et même le piano à quatre mains. Avec une telle armée à conduire au combat, le chef ne risquait pas de trouver le temps pour tourner les pages. Au bilan, l’effet est saisissant, jusque dans ce final grandiose et large de ton qui emporte tout. Les grincheux diront : « Trop de musique ». Les autres auront été ravis d’assister à l’exécution d’une symphonie rarement donnée, interprétée par plus de cent trente musiciens enthousiastes et heureux de la réaction d’un public sous le charme.
Deux bis, Tico-Tico no fuba et Venezuela aux rythmes sud-américains imparables signent la fin du concert.
Ceux qui ont raté ce concert ne peuvent pas rater celui du 8 janvier avec l’orchestre –phare du Sistema, l’Orquesta Sinfonica Simon Bolivar de Venezuela dirigé par son chef chouchou des foules, Gustavo Dudamel. L’œuvre choisie, la Turangalila-Symphonie avec la pianiste chinoise Yuja Wang et aux ondes Martenot, Cynthia Millar, risque, à n’en pas douter, de soulever d’admiration la Halle.
Michel Grialou
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