Signée par Calixto Bieito, une nouvelle production, très attendue à Toulouse, de « Turandot » est présentée en clôture de la saison du Théâtre du Capitole, avec la soprano Elisabete Matos dans le rôle-titre.
Déjà créée en Allemagne, en coproduction avec le Théâtre de Nuremberg, une mise en scène très attendue à Toulouse de « Turandot » est signée par Calixto Bieito en clôture de la saison du Théâtre du Capitole. Ce sera une première, puisque le metteur en scène espagnol n’a encore jamais été invité sur une scène lyrique française. Directeur artistique du Théâtre du Capitole, Frédéric Chambert le présente comme une «figure habituée des relectures décapantes, parfois dérangeantes, osons le dire. Il est en effet connu pour ses prises de position assez radicales par rapport à certaines idées préconçues de la tradition scénographique». Calixto Bieito assure : «l’opéra mérite d’être considéré comme un art actuel et j’ose même dire de demain. Tout le reste s’apparente à des manipulations élitistes éloignées de la volonté du compositeur et destinées à une consommation banale sans lendemain. L’opéra est un art vivant, comme le cinéma, la photographie, la peinture, la littérature… Le cinéma a une grande influence dans mon travail. Je citerai tout de même Luis Buñuel, Andrej Tarkovski, Stanley Kubrick, Carl Theodor Dreyer. Et « Requiem pour un massacre », le film que tourna Elem Klimov en 1985.»
Dernier ouvrage de Giacomo Puccini, « Turandot » s’inspire d’un conte chinois popularisé au XVIIIe siècle, par le Vénitien Carlo Gozzi : une princesse impose à ses prétendants de répondre à trois énigmes, la moindre erreur entraînant la décapitation en place publique ! La soprano portugaise Elisabete Matos interprétera le rôle-titre juste après l’avoir chanté à Berlin, et le ténor coréen Alfred Kim chantera le rôle de Calaf – après sa belle performance à Toulouse dans « le Trouvère ». Le Suédois Stefan Solyom fera ses débuts dans la fosse de l’opéra toulousain. Spécialiste du répertoire du compositeur italien, il est l’un des rares chefs à avoir dirigé « le Villi », premier opéra de Puccini.
Selon Stefan Solyom, « »Turandot » est assez différent des opéras qui l’ont précédé en effet, ne serait-ce que parce que c’est une fable, justement, et non une histoire basée sur des faits réalistes, concrets, avec des personnages auxquels le public peut éventuellement s’identifier par quelque proximité sociale, temporelle… On est ici dans la légende, avec cette Princesse cruelle, sanguinaire, ce Prince inconnu, sans nom. Et les trois serviteurs Ping, Pang et Pong, sont typiquement des personnages de féerie. Cela n’empêche pas Puccini de traiter cette matière d’une manière réaliste, mais en effet, on ne peut vraiment pas parler de “vérisme” ici», termine le chef.
Jérôme Gac
Du 19 au 30 juin, au Théâtre du Capitole, place du Capitole, Toulouse.
Tél. 05 61 63 13 13.
Rencontre, avant la représentation, 19h00.
Journée d’études, mercredi 25 juin (entrée libre).
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photo : « Turandot » © Ludwig Ohla