Sous la direction d’Hervé Bordier, le Festival, en pleine forme, a 20 ans. L’attachement à cette manifestation est tel que, malgré les soubresauts de l’année passée et les problèmes financiers de l’année en cours, la fête aura bien lieu au cours d’une édition, resserrée peut-être, mais qui évite le passage à la trappe. Pour ces rendez-vous exceptionnels, ce sera donc, Prairie des Filtres sur 4 jours, du 17 au 20 juin. Attention, les journées vont être très chargées. Chacune débute à 16h30 (ouverture des portes) pour se clore à minuit et demie. Toulouse étant bien au croisement des cultures depuis des siècles, ce sont quatre thématiques ou continents qui se retrouvent : Europe, Amérique, Afrique et… Occitanie, mais oui, permettant de présenter quelques-uns des artistes-phares invités au cours des éditions précédentes et bien sûr, plein de nouveaux.
Mais pour fêter ces 20 ans, il ne faudra pas moins de …4 affiches, ou plutôt la même sur quatre fonds différents dans un feu d’artifice de couleurs. Affiche toujours crée par le collectif d’artistes mexicains Zoveck Estudio.
Et il ne faudra pas oublier le Hors Prairie du dimanche 21 juin. Et toutes les autres manifestations ayant un lien avec le Festival : le programme est énorme et très diversifié.
Dès le mercredi 17 juin, Scène du Pont-Neuf à 21h30, Rio Loco tape fort avec, en vedette dans le programme musical européen, la venue de Goran Bregovic, la première rock star de Serbie, avec son Orchestre des Mariages et Enterrements et son invité, le « Suisse errant » aux origines tziganes, Stephan Eicher. Le spectacle s’intitule Champagne for gypsies , une musique universelle et reconnaissable entre toutes qui ne va pas manquer de faire danser à perdre haleine, jeunes et moins jeunes. 19h30, «Europa» regarde aussi du côté de l’Espagne avec une nouvelle étoile du chant flamenco : Rocio Marquez, chanteuse de flamenco atypique autant de par son look que de par son chant, mais qui a su triompher de tous les doutes, s’affirmant clairement dans la famille des rénovateurs du flamenco. Du Portugal, à 18h00, Scène du Village, c’est « le nouveau souffle du Fado» avec Antonio Zambujo, tombé dans le chaudron de l’incontournable Amalia Rodriguez, mais avec lui, pas besoin de forcer l’expression. C’est en susurrant à l’oreille qu’on émeut. Comme le flamenco, le fado évolue. Cap sur la Grèce avec Imam Baildi, groupe de huit musiciens cuisinant leurs plats tout à la saveur hip-hop trad-électro, ou quand « le bousouki rencontre l’électro-swing et la musique grecque traditionnelle se donne des airs de hip-hop et de mambo. ».
Jeudi 18 juin, c’est l’Amérique. Point de départ, le Brésil à 18h avec Casuarina, groupe de musiciens virtuoses qui se réapproprient la samba, ce véritable trésor national. L’artiste devenu très vite incontournable sur ce continent est le jeune harpiste de jazz colombien : Edmar Castañeda qui « joue de la harpe comme personne sur terre. » Ce sera à 23h scène village. Entre les deux, scène du Pont-Neuf, vous aurez de quoi vous déhancher sur de la salsa révolutionnaire ou de la salsa underground du groupe Bio Ritmo aux musiciens d’origines multiples, suivi de Bomba estéreo, groupe d’origine colombienne qui fusionnent savamment cumbia infernale et rythmes électroniques brûlants.
Vendredi 19 juin, à 18 heures scène village, l’Afrique sera représentée par le marocain Aziz Sahmaoui, ex-fondateur de l’Orchestre National de Barbès, avec son University of Gnawa. Une foisonnante richesse des musiques marocaines, chants et danses, va vous emporter. Scène du Pont-Neuf à 19h30, le sud-africain Hugh Maseleka, son bugle et son groupe continuent ses combats en promenant ses pépites musicales. On remonte jusqu’au Congo à 21h30 avec Jupiter & Okwess International. Une déferlante de bofenia rock africain vous attend sur un répertoire unique aux textes engagés. Le plein succès après 20 ans de galère. 23h, c’est l’heure du Togo avec le chanteur guitariste Peter Solo, son oncle Roger Damawuzan et ce fameux groupe ainsi formé, le Vaudou & Game. Ou, quand les chants vaudous côtoient le funky à la James Brown et les cuivres surpuissants.
Samedi 20 juin sera entièrement consacré à l’Occitanie. Occitania, nous voilà ! Dès 18h, scène du village, c’est Guillaume Lopez et ses acolytes qui attaquent. Le chanteur et poly-instrumentiste vous emporte dans sa création « Medin’aqui », de l’Andalousie jusqu’aux pays d’oc en passant par le Maroc. Vous y retrouverez à 00H, Artus, « groupe qui défend une approche abrasive du folklore, chantée en occitan de Gascogne, aux confins de l’expérimental. » Entre temps, scène du Pont-Neuf, ce seront succédés, le chœur polyphonique occitan Lo Cor de la Plana sans oublier leurs invités, suivi de Dupain qui invente un genre à part avec son blues enragé, où s’entremêlent ambiances électro et acoustique de quelques, contrebasse, flûte et …vielle à roue, et enfin, le Massilia Sound System, où le son, inimitable, est le résultat d’un mix surprenant, celui de la culture occitane associée à des rythmes reggae, ragga, électro.
Rio Loco, c’est aussi Musique Hors Prairie des Filtres pour le dimanche 21 juin, jour de la Fête de la musique avec un concert-événement autour de l’accordéon, en hommage à Claude Nougaro donné Quai de la Daurade, par Lionel Suarez et ses invités : René Lacaille, Régis Gizavo, et Etienne Grandjean (12h 30-14 heures). Un voyage 100% instrumental initié par Lionel Suarez, virtuose de cet instrument si cher à nos bals de campagne, et ce, autour des musiques de Nougaro.
Dans le cadre d’Occitania, Festa Garonna débute au Jardin Raymond VI, la Garonne n’est pas loin, avec le Duo Abela-Vidal + Sylvain Masseillou. Au menu, nombreuses performances de la part du centre Occitan des Musiques et Danses traditionnelles Toulouse Midi-Pyrénées, bal des enfants, déambulations, prestations vocales et instrumentales, et deux grands bals, l’un dès 19h avec le duo et le flûtiste Sylvain Masseillou, et leur seul mot d’ordre : tout pour la danse et les danseurs. Et un autre bal à partir de 21h, avec les trublions de Polifonic System, quatre musiciens qui réinventent le balèti ou bal traditionnel avec une créativité et une liberté d’action sans pareil, alliant rixes musicales et jeux vocaux, chant occitan et beatbox dans une alchimie à l’énergie formidablement communicative.
Mais il y a aussi Rio Loco pour Jeune Public, bien sûr, à la Prairie des Filtres, les programmes commençant plus tôt pour ces chers petits, et comme pour les grands, on retrouve les quatre thématiques ou continents, de la Compagnie Baccalà Clown – cirque – au Bus Rouge, un orchestre pour la rue, une bande de joyeux et jeunes drilles constituant cette fanfare lyonnaise un brin déjantée. Marionnettes et clown, c’est avec Diego Sterman, le saltimbanque parmi les plus titrés du monde, tandis que Patrice Kalla mène son Groove Pygmée, un bien savoureux mélange, celui de trois musiciens percussionnistes, un raconteur d’histoires, un danseur afro-contemporain et……un ingénieur du son !!
Retour à la lumière qu’elle n’aurait jamais dû quitter pour cette sculpture de l’artiste sénégalais Ousmane Sow «Le griot de la glaise» qu’on avait découverte sur le Pont-Neuf en 1996 lors du Festival Garonne, sculpture achetée depuis par les Abattoirs. Tribut au passé dans le domaine des arts visuels, les Toulousains la retrouveront à la station Jean-Jaurès, du 8 au 22 juin. Mais on est un brin navré d’apprendre que depuis 1996, cette œuvre est restée à l’abri des regards. Cela paraît même…stupide. Mais profitez-en pour vous replonger dans toutes les sculptures de ce pétrisseur de matériaux sans omettre d’essayer de découvrir les bouquins de photos sensationnelles de ces lutteurs noubas, photos prises en son temps par Leni Riefensthal.
Avec le Barrio Loco, c’est Rio Loco qui prend ses quartiers dans la ville. C’est du 24 mai au 21 juin, avec Exposition – Musique – Danse – Projection. Impossible de vous détailler toutes les manifestations. C’est un peu partout, disséminé dans les quartiers, que l’art sous de multiples formes vient à votre rencontre : ne l’évitez pas !! Et ne vous réfugiez pas dans Bibliothèques et Médiathèques car, elles aussi, elles sont de la fête.
Il vous faudra surveiller aussi, aux Musée les Abattoirs, la soirée du samedi 16 mai à partir de 18h, le Sound System Culture # 3 où les racines jamaïcaines du hip-hop seront à l’honneur avec des live et des DJ-sets. Sans oublier, en lien toujours avec Les Abattoirs, le début de soirée plus confidentiel, Terrasse des Galeries Lafayette, le jeudi 4 juin, à partir de 19h, avec l’Acropolis Bye Bye + DJ set où se mélange une musique épique qui fait se croiser western rebetiko (!!), rock psyché, BO 70’s, dub et chanson. C’est le moment, qui sait, de découvrir ce nouveau concept musical. Ils sont quatre musiciens.
Quant à la Valise Rio Loco ! à laquelle pour cette édition, 75 structures se sont inscrites, vite, vite car certaines étapes sont déjà passées. Il reste l’étape 4 consacrée à la musique avec Mauresca, groupe montpelliérain de sept musiciens adeptes du hip-hop et reggae, mariant dans le chant l’occitan et le français, et où rimes et rythmes tournent à plein régime.
Et le Trombino Loco, une œuvre collective qui accueillera les festivaliers à l’entrée de la Prairie des Filtres. C’est un ensemble des collages réalisés par les enfants et les adultes des structures socioculturelles toulousaines sous l’égide de l’artiste algérien Mustapha Boutadjine. Il y a eu 8 séances de travail.
Mais, la fameuse Valise, c’est encore le chef cuisinier Aziz Moktari du restaurant toulousain les P’tits Fayots qui aura concocté un menu pour les 31000 écoliers de la ville de Toulouse, écoliers dont les papilles gustatives ne vont pas comprendre ce qui leur arrive. Menu spécial à découvrir. Les plats seront réalisés dans les installations des Cuisines centrales en suivant rigoureusement bien sûr toutes les contraintes habituelles en usage. Une performance, et le mot n’est pas galvaudé. Deux rendez-vous, le 22 mai et le 19 juin.
Michel Grialou
Rio Loco, 20 ans. Du 17 au 20 juin, à la Prairie des Filtres et dans la ville.
Entrée 1 jour : 6 €. Pass 4 jours : 20 € Accès au site de 16 h 30 à 0h30.
Tél. : 08 92 18 01 80
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