Certains premiers albums font mouche. Passée la séduction de la nouveauté, ils éveillent à une couleur singulière, un univers personnel, harmonieusement suggérés par une réalisation dans laquelle chaque chanson contribue à une forme de manifeste artistique. On y reconnaît une grâce rare, celle des premières fois.
Après avoir réalisé le premier album de Dom la Nena avec le succès que l’on sait, Piers Faccini a créé en 2012 le label Beating Drum pour justement mettre en valeur et soigner ce genre de pureté. L’envie de travailler ensemble est partagée et se concrétisera par étapes. Jenny Lysander va inaugurer les signatures du label en 2013 avec l’EP Lighthouse .
Ce qu’on entend au fil de cet album LP est stupéfiant de maturité et d’harmonie pour une personne aussi jeune: une voix dont la puissance a le timbre d’un secret, une guitare en dentelles, un talent rare pour écrire de belles chansons-univers, une humeur nordique enfin, sagas et danses réinventées dans la modernité.
L’album ouvre avec A Painter’s Brush où les arpèges épurés de guitare se fondent et culminent dans de grandes ondes chorales. Dans les chansons Mind Me ou Giving Thanks, les chœurs mêlant dulcimer, kora et mandolines dérivent en nappes d’éther. Un peu plus haut, une guitare 12 cordes glisse en douceur sous les accents envoûtants de la voix de Jenny Lysander. Dancing on the Edge ou la chanson-titre Northern Folk apportent à l’album une pulsion syncopée et complètent l’intensité feutrée de la voix de Jenny.
Pour la partie rythmique de l’album, Faccini a fait appel au talent du batteur Italien Simone Prattico, complice de longue date. Il a également convaincu le fameux bassiste Pat Donaldson de sortir de sa retraite pour enregistrer l’album. Embarquer Pat Donaldson dans l’aventure de Northern Folk – lui qui a joué avec Sandy Denny et le groupe Fotheringay dans les années ’70 – c’est jeter un pont symbolique entre différentes générations de songwriting.
Dès les premières phrases mélodiques, Jenny Lysander et ses humeurs de rivages Scandinaves opèrent comme un enchantement. Viennent à l’esprit les horizons bleus de glace des ciels du Nord, où un soleil d’hiver passe furtivement avant de disparaître à nouveau. Dans le chant et l’histoire de certains titres, comme l’envoûtant Blackbird ou Jag Malade – chanté en Suédois, se distille une mélancolie particulière. Loin des froides rives du désespoir, elle dessine par petites touches une atmosphère chaleureuse… Peu importe le mode mineur, une quiétude certaine y règne et diffuse un sentiment de joie délicate. « J’ai toujours aimé les choses sombres et mystérieuses », confesse Lysander, « La mélancolie me donne une impression de profondeur et de stabilité, comme un sentiment étrange de sécurité. »
Cette puissante humeur Nordique, la voix de Lysander la suggère au plus juste, et ses histoires, autre tradition du Nord, sont bien de celles que se racontent les gens de là-bas, quand ils courent la lande en solitaire ou se rassemblent pour chanter.
Sa carrière ne fait que débuter, mais l’engagement artistique et la personnalité de Jenny Lysander ne font aucun doute : sa pierre d’angle est ici, dans le Northern Folk.
L’album Northern Folk est disponible de préférence sur la boutique du label Beating Drum, et dans les points de vente habituels.
Jenny Lysander participe aux Beating Drum Nights:
TOULOUSE 5 mai 2015 au Metronum,
PARIS 7 mai 2015 au Café de la Danse
Visitez le beau de site de l’artiste
Pierre David
un article du blog La Maison Jaune