Les contes et légendes de notre enfance passent en mode live. Après La Belle au bois dormant et avant Le livre de la jungle, voici Cendrillon.
Alors attention, passer en mode live ne veut pas dire faire l’économie d’effets spéciaux. Loin s’en faut. Pour l’heure voici donc le célèbre conte de Charles Perrault qui, tout en gardant la trame Disney, ne fait plus appel pour sa nouvelle version cinématographique au dessin animé mais à des acteurs en chair et en os. La trame en est connue et l’on ne peut que saluer le réalisateur britannique Kenneth Branagh de la suivre presque à la lettre. Certes la fameuse pantoufle de vair originale se retrouve pantoufle de cristal ici. Pas facile pour marcher, mais bon… Autant le dire de suite, cette réalisation ne révolutionne pas le 7ème art. Tout au plus peut-on y voir un exercice sage et respectueux d’un mythe. Soulignons tout de même deux scènes assez bluffantes. La première est l’intervention de la bonne fée (Helena Bonham Carter) afin que Cendrillon puisse aller au fameux bal. La seconde est, assurément, le retour hyper spidé dudit bal et la lente transformation de l’attelage. En matière de virtuosité, difficile de faire mieux. Les décors sont à couper le souffle. Baroques jusqu’au vertige, ils nous entraînent dans une scène du bal à faire pâlir les plus luxuriantes réalisations dans ce domaine. Demeurent des points un rien moins enthousiasmants. Par exemple les interprètes des deux héros : Lily James (Cendrillon) et Richard Madden (Le Prince). En surjeu chichiteux permanent (ah, ces regards énamourés…), ils se font évidemment damer le pion à l’écran par une actrice qui, dans le rôle de la terrible belle-mère de Cendrillon, ne fait qu’une bouchée des deux tourtereaux. Il est vrai que c’est Cate Blanchett. Une autre réserve concerne le public auquel ce film est a priori destiné. Il faut savoir que nos chères têtes blondes doivent affronter ici deux morts douloureuses et longues à l’écran. Chez les tout-petits se sont les questions qui fusent alors. La classe juste au-dessus fond en larmes. A vous de voir.
Robert Pénavayre