« Les Nouveaux Sauvages », un film de Damiàn Szifron
Pour son deuxième long, ce réalisateur argentin frappe fort. Très fort même ! Déjanté, violent, culotté, jubilatoire, mal poli, hilarant et…tellement vrai ! Produit par les frères Almodovar, nominé dans la catégorie du Meilleur Film Etranger aux Oscars 2015, ce film, sélectionné par un Festival de Cannes 2014 qui ne l’a pas vu passer (présidé par Jane Campion…), renoue avec la mode ancienne du film à sketches. Au nombre de six ici, écrits et montés aussi par le réalisateur lui-même, ils nous tracent les portraits de personnages qui franchissent le seuil de la frontière de l’humain (?) et nous entraînent dans ce torrent de rires que suscitent immanquablement ces victimes passant de la crise de nerf à l’action « rédemptrice », ou à minima qui soulage. Sans tout révéler et après un sketch étourdissant entre deux automobilistes tout ce qu’il y a de plus anodins qui finissent cramés dans une même voiture, les péripéties s’enchaînent à une vitesse incroyable, juste le temps d’installer les acteurs et le cadre puis c’est la bombe qui explose en même temps que nos zygomatiques. On apprend ainsi combien il est dangereux de mettre à la fourrière la voiture d’un ingénieur en explosif, ou encore d’inviter à son mariage une ex petite amie, ou bien d’accepter un billet d’avion sans savoir qui sera le pilote, ou simplement d’aller se restaurer dans une brasserie tenue par la fille d’un homme que l’on a torturé, etc.
Complètement amoral, ce film est un délice de tous les instants. Servi par des acteurs peu connus, il est un remède infaillible contre la morosité qui nous entoure. Déconseillé tout de même aux âmes sensibles.
Robert Pénavayre