« A most violent year », un film de J.C. Chandor
Pour son premier long en 2011, « Margin call », ce réalisateur nous avait littéralement cloués sur notre fauteuil. Le revoici avec un opus qui s’inscrit d’ores et déjà parmi les meilleures surprises de ces derniers mois. Où il est question de l’Amérique des années 80 du siècle passé, avec sa violence et sa corruption. Abel Morales (Oscar Isaac) se débat au milieu de ce maelström . Il a créé une entreprise de négoce de produits pétroliers et n’a qu’une ambition : grandir, grandir, grandir. Trop certainement car le milieu de ce business n’étant pas particulièrement reluisant en terme de moralité, ses camions se font braquer régulièrement. Sa femme, la belle et sulfureuse Anna (Jessica Chastain), dont la parenté étroite avec la mafia pourrait apporter une rapide solution à tout cela, lui ouvre donc les bras de la pieuvre. Abel refuse illico. Honnête il est, honnête il restera malgré tous les avatars qui lui tombent sur le dos. Mais le voilà avec un contrat qui doit le propulser aux premières lignes de son industrie et l’impossibilité de l’honorer. Les jours de sa petite entreprise seraient-ils comptés ? Son rêve, typiquement américain, s’effondrerait-il ? Quelles sont les frontières extrêmes de son honnêteté ? Tout en retenu et avec une classe incroyable, Oscar Isaac trace le portrait de cet homme en proie à un dilemme véritable qu’il n’hésitera cependant pas à trancher, mettant en péril la vie d’un employé qui lui est pourtant totalement dévoué et auquel il sert d’exemple. Des images splendides, des couleurs d’une stupéfiante beauté, une bo signée Alex Ebert toute en atmosphères, une direction d’acteurs d’une précision hallucinante, voilà déjà bien des atouts pour une signature cinématographique dont il est dorénavant indispensable de suivre le parcours.
Robert Pénavayre