Ou, quand l’adéquation entre l’artiste et la salle ne souffre aucune discussion. Que ferait donc notre Étienne dans une salle de plusieurs milliers de fans, à des dizaines de mètres d’une grande partie de son public ? Au Bikini, NOTRE, je dis bien, NOTRE Daho, est comme un poisson dans l’eau. Le concert affiche complet, depuis plusieurs mois.
Et c’est vrai que du balcon, les chevelures sont moins épaisses en moyenne ! et ont passablement blanchi. D’aucuns auraient voulu leur idole plus déchaîné sur scène mais la majorité sont très très contents de le retrouver tel que. Ils n’oublient pas non plus que ces derniers temps ont été bien difficiles pour lui, question santé. Le show donné sur la scène mythique du Bikini ce 18 décembre fut impeccable, à commencer par une sono parfaitement réglée pour toute la durée. Entre parenthèses, quelle leçon d’acoustique. On est loin de certaines bouillies indigestes ailleurs. Aussi, de très belles vidéos et de très beaux jeux de lumières sans trop de stroboscopes et de flashes qui vous anéantissent la rétine, juste ce qu’il faut pour faire actuel, un mix très étudié de chansons récentes et de titres mythiques. Et cinq musiciens qui sont là pour faire de la musique et non pour fracasser leur joujou, et pas de démonstration non plus. On n’est pas au Grand Cirque.
Un concert best of en allant de « Le grand sommeil » à « Épaule Tattoo » en passant par « Tombé pour la France », dans lequel se faufilent des “tubes“ du dernier album, normal. Un spectacle chaleureux, un chanteur sur scène, pas un zombie, un mec sympa à l’évidence, qui « se la joue pas », « se la pète pas », pas dans le style « les gros pecs et piercings partout », Daho quoi. Un nom de baptême que j’aime bien et que je fais mien : « un Daho devenu un grand pro de l’émotion partagée ». Belle formule, n’est-ce pas ? Un Daho qui vous dira : « Pour avancer, j’ai besoin d’une douceur qui est ma manière de fonctionner, à mon rythme, mon tempo. »
Référence pour toute une génération, le French Dandy peut se permettre d’affirmer qu’il n’a pas l’impression d’avoir été contaminé par le succès. Je confirme. Tant pis pour ceux qui ont moins aimé car on reste nombreux, la preuve, à l’aimer tel que. Un signe encore : même pas une poignée qui a pu quitter la salle avant la fin des deux bis dont le fameux « Week-end à Rome » a cappella.
De quoi satisfaire aussi un Hervé Bordier, bien sûr présent dans la salle, et qui ne pouvait qu’être enchanté de retrouver son poulain en pleine forme malgré une fin de tournée éprouvante. « Je serai toujours le petit mec de Rennes », vous confie-t-il. 1979 – 2014, 35 ans au compteur, ça n’est pas donné à tous.
« Le plus beau jour du reste de ta vie », un titre évocateur, « Saudade », « En surface », etc… sait-il, notre compositeur-interprète qu’il donne envie de se replonger, avec le temps, bien davantage dans les paroles de ses chansons ?
« Je n’aime pas être défini. La définition, que ce soit par la religion, la couleur de peau, la sexualité me fait horreur. » Étienne Daho
Michel Grialou