Le mois dernier, le Théâtre Sorano offrait une carte blanche à Nicole Garcia. Elle a donc proposé la lecture de « 14 », de Jean Echenoz pour cette année centenaire de la Grande Guerre. D’abord joué dans le cadre du festival Passages de témoins à Caen, les Toulousains avaient aussi pu y assister lors du Marathon des Mots de 2013, dans l’alcôve si particulière du Cloître des Jacobins.
De nouveau entourée des mêmes lecteurs, Inès Grunenwald, Guillaume Poix, Pierre Rochefort et Nicole Garcia ont une nouvelle fois suscité l’enthousiasme du public (tout comme au Théâtre du Rond-Point cette année) avec cette lecture décrivant ces hommes et ces femmes face à la guerre : les ruses pour éviter d’aller au front, la propagande, l’industrie qui s’enrichit, les destins qui se croisent. Ce 11 novembre était en effet le jour idéal pour cette lecture sobre, avec une photo des poilus en fond derrière les quatre lecteurs face à leur pupitre. Ce qu’il y a de bien au Théâtre Sorano, c’est la proximité du public au sortie de la salle. Que ce soit encore dans le hall ou à l’extérieur, les échanges se multiplient. En plus des conseils de lire l’intégralité du roman d’Echenoz, deux amies me conseillèrent la lecture de « Au revoir là-haut ».
La veille, une autre lecture était proposée dans cette carte blanche : « Musica deuxième » de Marguerite Duras. Pierre Arditi et Nicole Garcia forment un couple, qui ne peut pas vivre ni l’un sans l’autre, ni ensemble. Le plaisir qu’ont eu ces deux acteurs à partager la même scène était indéniable, jusqu’au « merci » de la dernière réplique.
Ce samedi 6 décembre, une nouvelle carte blanche sera offerte à une autre femme talentueuse, à la voix si reconnaissable : Fanny ARDANT nous invite à la lecture musicale de « Le Navire Night » de Marguerite DURAS, accompagnée de la violoncelliste Sonia-Wieder Atherton (en remplacement des deux soirées avec Nathalie Baye). Renseignements sur le site du Théâtre Sorano www.sorano-julesjulien.toulouse.fr et au 05 81 91 79 19.
Et puis, quitte à parler de grande dame, il y en a une autre qui me tient tout aussi à cœur dans cet écrin qu’est le Sorano. Ghislaine Gouby. En trois ans, elle a ouvert son théâtre, au sens propre comme au figuré. Elle a donné envie au public de rentrer, aux artistes de s’y installer. Le public y a grandi, et on s’y retrouve toujours avec un immense plaisir. C’est elle qui a proposé à la Cinémathèque et au Muséum d’Histoires Naturelles de faire cet Saint Valentin si belle avec Isabella Rossellini. C’est avec elle que les rendez-vous musicaux du Marathon des Mots se sont établis au théâtre. Nous lui devons de merveilleux moments, et ceux de cette saison aussi. Alors voilà, elle ne sera plus la directrice du Sorano, et je souhaite en toute sincérité la bienvenue au successeur. J’espère juste que la manie que j’ai de chercher Ghislaine Gouby en fin de représentation, ne passera pas de si tôt, afin de pouvoir encore lui dire « Merci ».