Toulouse. Cloitre des Jacobins, le 17 septembre 2014. Johann-Sebastian Bach (1685-1750) : L’Art de la fugue BWV.1080. Xiao Mei Zhu, piano.
Le beau et le bon en fusion.
Piano aux Jacobins a invité, Xiao Mei Zhu,la grande interprète de Bach dont les enregistrements sont encensés et les concerts plébiscités, pour une soirée d’exception. L’Art de la fugue est une des toutes dernières œuvres de Bach. Inachevée, et non destinée à un instrument précis, elle ouvre sur l‘éternité, élevant l’interprète comme son public au dessus des contingences bassement matérielles. Xiao Mei Zhu s’empare de cette somme de musique pure pour l’offrir à son public avec simplicité et honnêteté. La douceur des premières notes du sujet, dans une nuance piano et un son d’une rondeur délicieuse, provoque une écoute paisible, confiante et reconnaissante. Chaque entrée du thème est l‘occasion pour l‘artiste de colorer le son différemment, au point de permettre d‘imaginer un doux jeu de flute à l’orgue, puis des hautbois chauds ou des trompettes claires et pures. Le son est toujours d’une beauté à couper le souffle et la variété obtenue par les doigts de l‘interprète relance constamment l’attention. Un jeu d‘une parfaite lisibilité, qui permet de ne pas perdre une ligne même dans les si complexes fugues à quatre voix. Xiao Mei Zhu avance avec évidence et tranquillité créant un univers de pure beauté, non ascétique mais simple et pour chacun de nous.
Cette somme musicale, probable sommet du génie musical humain, d’une si grande complexité que personne ne peut prétendre la connaître vraiment, nous est donnée par la grâce d’une interprète illuminée, un passeur vers l’au delà. Le calme, la puissance et la gloire de la musique rayonnent sous la magnifique voute de la salle capitulaire comme rarement. Ce concert ne peut faire l’objet d’une chronique classique tant ce serait faire injure à la fusion créée par une artiste sublimement simple entre le beau et le bon. Certes c’était du piano, et quel piano, mais c‘était presque sans importance.
Musique, tout était Musique dans cette chaude soirée d‘été, même l’air que chacun respirait. Un moment de pure magie au delà des simples mots… loin très loin des petitesses humaines, que la pianiste d’origine chinoise a pourtant si horriblement connues !
Hubert Stoecklin
Article écrit pour Classique news.com