Il était attendu, très attendu le « wundertenor » Jonas Kaufmann à la Halle ce mercredi 7 mai. A-t-il comblé son auditoire ? Pas sûr. Etait-ce le Jonas qu’ils attendaient ? Sûrement pas. Le choix assumé de son interprétation du cycle des Quatre chants du compagnon errant peut se défendre permettant d’apprécier et sa technique époustouflante avec une tenue du souffle incomparable et le côté sombre de son timbre. Mais alors, je ne vois pas l’intérêt de cet accompagnement de cordes, même minime. Le résultat ? Bien des auditeurs ont perdu sa voix et n’ont capté que des bribes de syllabes. Il ne faisait pas bon être installé sur les côtés, et encore moins en fond de galerie, à 80€ tout de même. Et ce ne sont pas les deux bis, un bout de Tristan et un court lied de Richard Strauss qui ont calmé la frustration. Certes, on arrive à la demi-heure de prestation mais la présentation du concert, la brochure, les articles, les affiches alléchantes, et pour clore, la couverture du programme de salle, tout cela amène à penser que ce concert était monté autour de l’engouement actuel pour ce ténor, et qu’au bilan, ça n’est pas, commercialement parlant, très…correct. En un mot, une partie du public en a-t-elle eu pour son argent ?
Rien à reprocher à la formation de l’orchestre à cordes, même si on l’eut préférer silencieuse pendant le chant. Le piano nous aurait suffi. Une exécution, de la symphonie de Mendelssohn à Capriccio de richard Strauss, en passant par Schoenberg, digne des salons viennois, qui a pu enchanter une partie du public, celle qui était là par son abonnement, et non pas celle venue uniquement pour le « plus grand ténor actuel », qui ne l’a pas démontré hier soir à la Halle.
De l’exécution de son œuvre, La Nuit transfigurée, Arnold Schoenberg aurait pu se sentir réconforté et se souvenir de ses écrits new-yorkais de 1934 : « La musique consiste en l’émission simultanée ou successive de sons ou de combinaisons de sons qui sont conçus de façon à exercer un effet agréable sur l’oreille sans dépasser nos facultés de perception, de façon aussi, il est vrai, que ces impressions puissent atteindre les parties cachées de notre sensibilité, et que leur effet nous transporte dans un rêve où nos vœux se réalisent, ou bien dans un enfer à vous donner le vertige. »
Un petit peu de baume au cœur : sachez que le même concert a lieu ce soir 8 mai au Théâtre Royal de Versailles. C’est complet et le prix des places allait de 176 !!! à 336 !!!!!
Les coups de coeur du Crocodile