Opéra composé par Engelbert Humperdinck, « Hänsel et Gretel » est présenté au Théâtre du Capitole en version française, sous la direction du chef allemand Claus Peter Flor, à l’occasion d’une nouvelle production signée Andreas Baesler.
Composé en 1893 par Engelbert Humperdinck, « Hänsel et Gretel » est un opéra inspiré du célèbre récit des frères Grimm. L’on y suit les aventures d’un frère et d’une sœur perdus dans une forêt où ils font face à une sorcière anthropophage. Un univers fantasmagorique et merveilleux évoquant certains thèmes chers à Richard Wagner et rappelant « Parsifal » et « les Maîtres chanteurs de Nuremberg ». Le compositeur s’est également inspiré des techniques musicales de Wagner en se les réappropriant, notamment en matière d’orchestration et de traitement de la mélodie. Très populaire dans les pays germaniques et anglo-saxons, « Hänsel und Gretel » fut le premier opéra à être diffusé à la radio en Europe, dans les années 20, en direct de New York. Il est aujourd’hui à l’affiche du Théâtre du Capitole dans sa version française. Coproduction de l’opéra toulousain et du Théâtre national de Nuremberg, la mise en scène a été confiée à l’Allemand Andreas Baesler. Créée cet hiver à Toulouse, elle sera représentée au Staatstheater de Nuremberg à l’automne 2014.
Le metteur en scène assure : «C’est un opéra au sujet des enfants, de leur imaginaire, de leurs rêves et de leurs cauchemars. C’est donc aussi un ouvrage pour les adultes, il leur permet de mieux comprendre comment les enfants voient le monde adulte et se l’approprient. La mise en scène situera l’histoire dans une maison de la bonne bourgeoisie allemande (celle de Wagner, peut-être ?) de la fin du XIXe siècle, tout en décodant la réalité psychologique des contes de fées. Le jeune garçon et sa petite sœur sont au cœur d’un conte, mais ils utilisent ce conte pour comprendre le monde des adultes qui les entoure. En jouant dans ce monde fantastique, ils repoussent finalement la réalité opaque et effrayante des adultes, leurs problèmes et leurs peurs. Le chemin à travers la forêt correspond à leur chemin à travers leur propre imaginaire. De là, ils avancent petit à petit et font progresser leur expérience du réel : un sapin de Noël devient une vraie forêt ; un pain d’épices en forme de maison devient une cabane de sorcière et, hommage au chef-d’œuvre de Bergman « Fanny et Alexandre », c’est la méchante nounou qui devient la sorcière, dont les enfants, dans leur rêve, arrivent finalement à triompher. Quant aux aïeux des enfants, toutes générations confondues, ils se retrouvent dans leur rêve et deviennent leurs anges gardiens», raconte Andreas Baesler à propos de sa mise en scène.Les rôles titres seront tenus par la soprano Vannina Santoni — déjà appréciée ces derniers mois à Toulouse en Zerlina dans « Don Giovanni » et Poussette dans « Manon » — et par la mezzo-soprano Silvia de La Muela. La soprano Jeannette Fischer interprètera pour la première fois de sa carrière la sorcière, de même pour Jean-Philippe Lafont (photo) qui incarnera le père. Dans un entretien réalisé pour le Théâtre du Capitole, ce dernier affirme: «L’’aspect vocal de ce rôle est incontestablement très “orchestré”, je veux dire que le compositeur le drape d’un tissu sonore très fourni, très dense, réclamant donc de l’interprète une puissante projection. De plus, la tessiture requise est particulièrement aiguë. Heureusement que le rôle est court parce qu’il est vraiment tendu», soutient le baryton d’origine toulousaine.Au sujet de son personnage, Jean-Philippe Lafont poursuit : «Pierre est un homme qui travaille dur car il a charge d’âmes et auquel il arrive une fortune : il vend tous ses balais d’un coup. Ce n’est pas un homme méchant, contrairement à la marâtre qui, peut-être, verrait bien les enfants ne pas revenir de la forêt alors que Pierre, dès qu’il sait ses enfants en danger, est saisi au plus profond de son cœur par sa fibre paternelle : il fonce pour les sauver, au péril de sa vie. C’est un personnage qui me parle bien et j’avoue être très ému de le chanter au moment des fêtes de Noël au Théâtre du Capitole, un théâtre qu’ont fréquenté mes parents, tous mes amis et qui demeure une étape fondamentale dans ma carrière artistique», confesse-t-il.
L’Orchestre, le Chœur et la Maîtrise de Capitole seront dirigés par le grand chef allemand Claus Peter Flor. Il était dans la fosse du Palais Garnier, au printemps dernier, lors de l’entrée de l’ouvrage au répertoire de l’Opéra de Paris. Habitué de la Ville rose, il y a déjà dirigé trois ouvrages de Mozart, dont « la Flûte enchantée » à trois reprises et également « Madame Butterfly » – deux productions de Nicolas Joel créées à la Halle aux Grains.
Jérôme Gac
« Hänsel et Gretel », du 22 au 31 décembre, au Théâtre du Capitole, place du Capitole, Toulouse. Tél. 05 61 63 13 13.
Conférence : “Du conte à la scène lyrique : les frères Grimm à l’opéra”, par Corinne Schneider (musicologue), lundi 16 décembre, 18h00, au Théâtre du Capitole (entrée libre).
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Photo : le baryton Jean-Philippe Lafont