L’association de Piano aux Jacobins et de l’Orchestre du Capitole permet pour le premier, un moment fort du festival et pour le second, une splendide ouverture de sa saison symphonique. Comme chaque année, cela a fait merveille, en proposant un concert tout Brahms de très haute tenue. À l’instar des plus belles capitales européennes symphoniques, Toulouse a pu fêter Brahms. La grande Elisabeth Leonskaja, de sa présence léonine a irradié, s’imposant comme une des meilleures interprètes du plus gigantesque des concertos romantiques pour piano.
À la fois fière et simple, sa tenue aristocratique au clavier offre une interprétation admirable. Son « jeux à la russe » est impérieux et le premier mouvement du deuxième concerto est rendu à sa noblesse, à sa grandeur sous des mains si savantes osant la force (non sans des duretés passagères), et la délicatesse, pas assez peut être. Les accords sont telluriques et les traits fusent en apesanteur. Puis l’allegro appassionato est un moment de tension qui permet à la pianiste de dominer une partition diabolique. Le rythme est serré avec des moments de rubato subtilement amenés. La grande école russe permet à Leonskaja de ne jamais faiblir. Entendre en concert une telle splendeur est euphorisant.
Après l’entracte l’Orchestre, aux cordes généreusement augmentées, propose sous la direction toute de subtilité de son chef une interprétation superlative de la Deuxième Symphonie de Brahms. Dès les premières notes, la beauté des sonorités enchante. La souplesse du phrasé évite toute lourdeur germanique et les avancées fulgurantes comme les moments de paix se complètent. Un Brahms heureux, romantique amoureux de la nature se révèle. Le rythme est tendu, jamais rien n’est pesant et les nuances sont subtilement dosées.
Ce très grand moment de musique a permis de constater la voie d’excellence de l’Orchestre du Capitole : c’est indiscutablement une formation brahmsienne de haut vol. L’idylle avec son chef est au beau fixe. Non seulement un lien musical les unit, mais également un grand respect mutuel et une forme d’amitié, comme le prouve ce qui fait maintenant tradition : la remise d’un bouquet par Tugan Sokhiev et une ovation pour les musiciens juste retraités. Un violoniste et un violoncelliste partant ce soir, ont ainsi été fêtés par le chef puis leurs collègues et le public.
La saison s’annonce merveilleuse. Quelle belle vie à Toulouse !
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Lien vers un extrait du concert sur Artetv.com
Hubert Stoecklin