L’ensemble de cuivres anciens de Toulouse, Les Sacqueboutiers, ne limite pas ses activités à l’exécution du répertoire de la Renaissance, âge d’or de ses instruments. Il participe à la création d’œuvres qui leur sont spécifiquement dédiées par des compositeurs d’aujourd’hui (Gérard Duran, Marco Padilha, bientôt Philippe Hersant). Au cours du concert du 12 septembre prochain, une grande pièce contemporaine, signée du compositeur Patrick Burgan, sera créée non pas à Toulouse mais à Muret, qui a d’ailleurs déjà accueilli quelques uns des programmes musicaux de l’ensemble. Celui-ci sera rejoint, pour l’occasion, par deux solistes et l’ensemble vocal Scandicus.
Intitulé « 1213 – La bataille de Muret », ce programme, présenté le 12 septembre à 20 h 30 en l’église Saint-Jacques, célèbre le 800ème anniversaire de cette bataille décisive à travers la confrontation entre des musiques des XIII° et XIV° siècles, donc contemporaines de l’événement, et la création de Patrick Burgan. Ainsi, la première partie de cette soirée sera consacrée à un florilège d’estampies, de danses royales, de caccie ou de conductus, qui sont signées, pour la plupart, de compositeurs anonymes des XIII° et XIV° siècles. Elles sont extraites du manuscrit d’Apt et du manuscrit de Gérone, de l’école de Notre Dame, du Livre Vermeil de Montserrat. Comme à leur habitude, Les Sacqueboutiers mettent en œuvre l’instrumentarium authentique lié à l’époque : cornet à bouquin, sacqueboute, chalemie, bombarde, luth, flûtes, cornemuse et percussions. Le ténor Rénat Jurié et le baryton Pierre-Yves Binard participent à l’événement.
En seconde partie, l’épopée lyrique en cinq tableaux de Patrick Burgan sera donc créée. Composée sur les laisses 137 à 142 de « La chanson de la croisade albigeoise » (texte original en langue d’Oc et traduction française adaptée par Patrick Burgan lui-même), cette œuvre originale dépeint la fameuse bataille qui se tint dans la ville de Muret le 12 septembre 1213.
Petit rappel historique. Cette bataille se solda par une terrible défaite des Toulousains menés par le comte Raymond VI contre les croisés de Simon de Montfort. Elle marqua une étape décisive dans l’entreprise de dépossession menée par la couronne de France, sa conquête du Languedoc et l’anéantissement programmé du monde cathare.
Le magnifique poème épique qui conte cette bataille est extrait de « La chanson de la croisade albigeoise » et fut écrit immédiatement après l’évènement par un troubadour resté anonyme. Patrick Burgan donne quelques éléments de l’esprit qui a présidé à sa composition : « L’utilisation d’instruments anciens n’est pas le seul élément qui nous rattache à l’époque du sujet traité. Le langage musical fait lui-même référence à certaines techniques médiévales, en particulier le « hoquet » (un système de syncopes continues), très utilisé dans l’Ars Nova du XIVème siècle ; de même, une grande partie de la construction mélodique de l’œuvre repose sur la chanson du XVème siècle « L’homme armé », et le dernier tableau (« Le deuil ») sur deux teneurs grégoriennes : « De Profundis » et « Lacrimosa »… »
Quand l’histoire refait surface grâce à la musique…
Serge Chauzy
Une Chronique de Classic Toulouse
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Les Sacqueboutiers