« Grand Central », un film de Rebecca Zlotowski
Le second long métrage de cette réalisatrice nous amène au cœur d’une centrale nucléaire et dans sa proche périphérie, là où habite, dans des campements de fortune, les damnés de l’atome. Ces damnés sont les ouvriers dont le boulot permanent consiste à dépolluer, pour un salaire de misère, les parties sensibles de la Centrale. Rebecca Zlotowski nous attache aux pas du jeune Gary (Tahar Rahim), une forte tête en déserrance. Il est décidé à prendre n’importe quel travail. Il va donc être formé (tout de même) à la sécurité et faire ensuite parti d’une équipe dirigée par Gilles (toujours parfait Olivier Gourmet). Dans ladite équipe travaille aussi Toni (superbe Denis Minochet). Le cœur de ce dernier bat pour la sculpturale Karole (Léa Seydoux totalement transparente !). Mais voilà, le cœur a ses raisons… et nous retrouvons la blonde Karole au bord du fleuve qui alimente la Centrale dans les bras de Gary. La chose ne va pas, dans ce petit monde, passer longtemps inaperçue, d’autant qu’à force de se retrouver sur l’herbe, des petits pieds vont se mettre à pousser. Bingo, Toni, en passe de se marier avec Karole, ne pouvait pas avoir d’enfant (le nucléaire sans doute). Voilà pour la partie romanesque. Ce n’est clairement pas le plus intéressant. D’autant que les deux principaux protagonistes… Ce qui soutient l’attention et impose une chape de peur permanente sur ce film, ce sont bien sûr les épisodes, très détaillés d’ailleurs, du travail à l’intérieur de la Centrale. Ces scènes-là, parfaitement maîtrisées, nous montrent un enfer que nous côtoyons en permanence sans y songer une minute. Le problème de ce film est donc le mélange des genres, la bluette type comédie sociale étouffant de son académisme suranné ce qui aurait pu être une violente diatribe dénonçant les conditions de vie des ouvriers de l’atome. Qui trop embrasse….
Robert Pénavayre