Tout d’abord, il faut lire dans la brochure les mots de Monsieur le Maire Pierre Cohen et de Frédéric Chambert, Directeur artistique du lieu. Rien à rajouter à leurs propos. Ils suffisent pour nous éclairer sur tous les efforts de tout un chacun, membre de la maison, pour faire en sorte que ce lieu de culture atteigne au fil des ans son plein épanouissement, et suscite auprès de chaque “utilisateur “ engouement, passion et, qui sait, vocation. La Maison est ouverte pour le bien-être de chacun.
« NATIONAL », oui, toujours entre guillemets, et les habitués des autres scènes lyriques de France et de Navarre se demandent bien pourquoi, surtout quand on sait :
– l’existence et la renommée acquise au fil des ans des ateliers directement liés à la fabrication, l’entretien des décors et la confection des costumes,
– la diversité des actions culturelles et éducatives qui accompagnent chaque mise à l’affiche, au total, plus de 100 tout au long de la saison,
– la place prise par la nouvelle série Cycle Présences vocales, présente pour la cinquième année,
– le nouvel élan pris par le corps de ballet et ses 35 membres sous la houlette de Kader Belarbi. Combien de villes en France soutiennent un tel effectif ? Cinq spectacles au programme de la saison, entre répertoire classique et chorégraphies contemporaines,
– un Chœur de haut niveau reconnu, à demeure, riche de plus de 40 choristes sous la direction sans faille d’Alfonso Caiani,
– les Midis du Capitole, des moments conviviaux entre un chanteur et un public conquis, affichant complet,
– une ouverture grandement facilitée vers les plus jeunes et ceux qui peuvent rencontrer quelques difficultés ?
– un orchestre disponible de plus de 130 musiciens depuis la dernière saison avec une qualité absolument au niveau de tous les pupitres, de la mandoline jusqu’au tuba, de la flûte piccolo jusqu’à la contrebasse,
– une création mondiale d’un opéra contemporain, et commande du Théâtre, Les Pigeons d’argile de Philippe Hurel, compositeur d’origine toulousaine, avec une distribution dite, à juste titre, internationale et une mise en scène de Marianne Clément (le Hänsel et Gretel du Palais Garnier en ce moment)
– un opéra baroque, et pas des moindres, Orlando de Haendel, une coproduction sous la baguette “vibrionnante“ de Jean-Christophe Spinosi et son Ensemble Matheus, une distribution adéquate, et une réalisation complète d’Eric Vigner,
– un projet pédagogique, Le Petit Ramoneur de Benjamin Britten, sous la direction musicale de Christophe Larrieu, dans une mise en scène de Caroline Bertran-Hours,
– Hänsel et Gretel occupera les fêtes de fin d’année avec sa sorcière Grignote et sa maison de pain d’épices. Claus Peter Flor dirige ce conte musical qui présente une fin bien plus heureuse que sa dernière œuvre menée de main de maître à la Halle, Madame Butterfly ! Il dirige aussi ce conte en ce moment au Palais Garnier,
– Richard Strauss est au rendez-vous non pas avec un opéra de bruit et de fureur mais tout le contraire, une nouvelle production de Daphné, (1938) la fille si belle du dieu-fleuve Pénée, dont l’amour est disputée par deux ténors et qui finit par se transformer en laurier pour échapper au dieu Apollon !!La meilleure illustration de la musique de la fin de cet opéra est paraît-il, la statue de Daphné par Le Bernin à la Galerie Borghèse. Voilà bien un excellent but de week-end,
– Ouverture de saison avec larmes programmées car nous serons tous prêts à pardonner à cette pauvre Manon de Jules Massenet. Ne vous aura-t-elle pas avoué en chantant : « Je ne suis que faiblesse et fragilité ! Ah ! Malgré moi je sens couler mes larmes… » C’est Natalie Dessay qui prendra un chemin détourné lui évitant le couvent mais qui n’arrivera pas non plus jusqu’au bagne pendant que l’amour passionné de Charles Castronovo n’aura pu la sauver. La mise en scène au succès éprouvé déjà à plusieurs reprises est de Laurent Pelly tandis que Jesus Lopez Cobos dirige,
– Le tandem vériste s’il en est, Cavalleria rusticana / I Pagliacci refait surface quelques 45 ans plus tard et va permettre de réconcilier s’il en était besoin quelques anciens avec la direction artistique du Théâtre d’autant plus que cette nouvelle production est confiée, mise en scène, décors et costumes à Yannis Kokkos et la direction musicale à Tugan Sokhiev.
– Un jeune “verdi“ est à l’affiche, I Due Foscari, et ce sera bien une découverte même pour la plus ancienne des abonnées du théâtre qui, du haut de son centenaire passée n’a jamais assisté à cette œuvre de jeunesse de Giuseppe Verdi, opéra tragique en trois actes à découvrir donc avec son trio vocal somptueux, et c’est encore une nouvelle production,
Enfin le plat de résistance avec la nouvelle production de La Favorite de Gaetano Donizetti, la grande œuvre sérieuse du compositeur, « le grand opéra en quatre actes » écrit alors pour l’Opéra de Paris en 1840, qualifié d’opéra français, joué 650 fois jusqu’en 1904. Pour le rôle de la maîtresse du roi, Leonor, il faut une somptueuse mezzo, elle est là, c’est Sophie Koch !! pour chanter le jeune moine amoureux mais aussi capitaine, Fernand, il faut un ténor plein d’atouts, car si souvent et si durement sollicité, il est là, Saimir Pirgu, et enfin, pour interpréter le roi prêt à abandonner son trône par amour, Alphonse XI, il faut LE baryton, il est là, c’est Ludovic Tézier. Les costumes de Christian Lacroix, les lumières de Guido Levi, les décors de Vincent Lemaire ne pourront pas, ne devront pas nous décevoir, la mise en scène de Vincent Boussard , et la direction musicale de Bruno Campanella, non plus !!
La Favorite, c’est évidemment le clou de la saison, à disputer avec Manon.
UNE SAISON QUI, AU PREMIER ABORD, A BIEN DU GRAIN. VIVE 2013 / 2014.
Au fait, c’est quoi un Opéra National ??!!
Et cette nouvelle saison nous apportera-t-elle enfin le premier DVD made in the Capitole d’une nouvelle production ou coproduction ?
Michel Grialou