« Elysium », un film de Neill Blomkamp
Pour son premier long sorti en 2009, District 9, les mots nous avaient manqué pour saluer l’entrée de ce jeune réalisateur d’alors 30 ans dans la cour des grands cinéastes. Il est peu de dire combien son second était attendu. Le moins que l’on puisse dire est qu’il confirme ici un immense talent. Il nous propose à nouveau un film de science-fiction. Fidèle à ses tôles rouillées et à ses ghettos, il nous amène sur une Terre surpeuplée et polluée dans laquelle les Hommes triment comme des bêtes au profit de quelques grands industriels. Eux ainsi que leurs semblables en fortune ont quitté depuis longtemps notre planète pour aller se réfugier sur un gigantesque satellite artificiel tournant autour de la Terre. Là, tout est calme, volupté et …santé car ils ont mis au point une « medbox » qui soigne immédiatement tous les bobos, aussi graves soient-ils. Alors que sur Terre, la situation est de plus en plus explosive, sur Elysium, c’est le règne de la fête en continu. Un grain de sable va contrarier cette scandaleuse bipolarité. Max (formidable Matt Damon) est ouvrier à la chaîne des robots. A la suite d’un accident, il se trouve irradié et n’a plus que quelques jours à vivre. Il va alors s’adresser à un passeur, sorte d’énergumène qui, moyennant finance, tente d’infiltrer Elysium afin que les terriens malades puissent se faire soigner. Il va lui proposer un deal sévère, se transformer en clé usb pour capturer le système d’information d’Elysium. Autant District 9 tournait autour de la ségrégation, autant cet opus évoque clairement les fractures sociales, la médecine à deux vitesses, l’exploitation de l’Homme par son semblable, la déshumanisation des rapports humains. Et c’est totalement angoissant car ce scénario nous parle directement, à nous, contemporains d’un 21ème siècle balbutiant dans ses errements. A voir absolument !
Robert Pénavayre