« Les beaux jours », un film de Marion Vernoux
Les affaires d’amours clandestines semblent fort préoccuper cette réalisatrice, absente du grand écran depuis une dizaine d’années. C’est en effet à nouveau sur ce thème qu’elle nous revient avec ce dernier opus dans lequel Caroline, une jeune retraitée, va tomber dans les rets de Julien, un beau brun ténébreux de trentenaire. Le coup de foudre se passe dans un club de retraités baptisé « Les beaux jours ». En fait, l’inscription dans ledit club est le cadeau des filles de Caroline à leur mère. Autant dire que les rejetonnes en question connaissent bien mal leur maman car celle-ci est aussi à l’aise dans ce lieu qu’un poisson sur de la paille. Sauf qu’en cours d’informatique, l’animateur, Julien, est plutôt craquant. Ce qui va aiguiser l’appétit de Caroline pour la discipline. Voire plus. Avec une aisance confondante, Caroline plante son mari Philippe et part vivre une liaison torride, à peine dissimulée. Cette histoire de « cougar » est plus que mode aujourd’hui, pour le moins tendance et tout sauf originale. Un peu à l’image de ce film tourné dans les décors que l’on peut trouver fascinants (?) des plages de la Mer du Nord. Le problème est que l’on ne croit pas une seconde à ce coup de foudre, à cette soi-disant parenthèse enchantée un rien laborieuse. Le film se veut optimiste, car il montre une femme d’âge mûr vivant de palpitants moments sexuels alors qu’elle avait fait depuis longtemps la croix sur le sujet, alors qu’il est épouvantablement triste car, in fine, elle plonge ensuite encore plus profond dans sa condition « ante ». Triste ? A voir car en fait, elle avait à sa portée un bonheur qu’elle ne voyait pas. Mais ce n’est pas forcément là le sujet du film. Dommage ! Deux comédiens portent cette comédie, si ce n’est par leur talent, du moins à bout de bras : Fanny Ardant, Caroline dont le jeu à l’écran semble à présent d’un autre âge tant il est ampoulé, monolithique et grandiloquent, et Laurent Lafitte, Julien un rien plus convaincant sans convaincre totalement. Heureusement, Philippe est interprété par Patrick Chesnais. Son rôle est clairement secondaire mais dès qu’il apparaît il se passe quelque chose. Le talent, c’est ça.
Robert Pénavayre