« Only God forgives », un film de Nicolas Winding Refn
Alerte rouge à l’attention des âmes sensibles ! Bien qu’interdit aux moins de 12ans (c’est un minimum !), ce film ne comporte pas de scènes à caractère sexuel. Non, il s’agit ici de violence. Et quelle violence ! Nous sommes à Bangkok, ville de non-droit et de tous les vices. C’est là que, sous le couvert d’un club de boxe thaï, Julian et son frère Billy entretiennent un vrai réseau mafieux. Un soir, Billy décide de partir à la rencontre du diable. Tuant atrocement une jeune prostituée, il sera lui-même dézingué sans ménagement. La routine, quoi. Sauf que Crystal (incroyable Kristin Scott Thomas), la mante religieuse qui leur sert de mère, mix de lady Macbeth et de Donatella Versace, dixit le cinéaste, débarque illico presto pour venger le rejeton. Elle confie le boulot à Julian, taiseux traînant mille problèmes à ses basques, dont l’impuissance n’est pas le moindre. En gros ce n’est pas vraiment Superman. Evidemment, il ne va pas s’en sortir et c’est maman qui va s’y coller. La boucherie peut commencer. Voilà un préambule fait pour éloigner les plus cinéphiles. Ce serait dommage car le réalisateur danois n’est pas un besogneux du 7ème art. Loin s’en faut. Il va transformer ce thriller hyper glauque en kaléidoscope d’une tragédie aux allures grecques, on pense bien sûr à celle des Atrides. Se suivent alors, sur un rythme dont la lenteur devient vite hypnotique, des scènes d’une beauté visuelle fascinante. Utilisant les plus subtiles teintes du bleu et du rouge, il nous entraîne en enfer et nous le suivons avec une perverse délectation car son film devient rapidement onirique. D’autant qu’au milieu de cette tuerie raffinée, se dresse Chang, un commissaire de police, expert en arts martiaux et spécialiste du sabre et autres engins coupants ou pointus. Super efficace, hyper cool, il se ressource le soir en chantant des bluettes sur des karaokés. C’est lui le Dieu du titre, un ange exterminateur qui mènera la vie dure à Julian (épatant Ryan Gosling). A voir, si vous avez le cœur bien accroché.
Robert Pénavayre