« Effets secondaires », un film de Steven Soderbergh
Sur le point de tirer sa révérence, du moins l’affirme-t-il, le réalisateur américain nous livre un avant-dernier opus d’un professionnalisme et d’une efficacité remarquables. S’entourant d’un casting 4 étoiles, le voici nous plongeant à nouveau, après Contagion en 2011, dans le monde frelaté des labos médicaux. Cette fois, il sera question d’antidépresseurs. Le Dr Jon Banks, psychiatre, reçoit la visite d’Emily, une jeune femme pas très bien dans sa peau. En fait on peut la comprendre car, après s’être mariée avec Martin, un golden boy, et vécu la vie qui va avec, ce dernier s’est retrouvé en cabane pour délit d’initié. Finie la belle vie. Jon est son second psy. Auparavant, Emily a été traitée par le Dr Victoria Siebert. C’est d’ailleurs cette dernière qui va, confraternellement, lui proposer un nouveau traitement pour Emily. Martin sort de prison. Tout semble s’arranger jusqu’à ce que le drame survienne. Emily est retrouvée chez elle, un couteau de cuisine à la main et Martin, mort, dans une flaque de sang. A-t-elle fait une crise de démence, un épisode de somnambulisme qui a mal tourné, les effets secondaires de son traitement étaient-ils bien identifiés ? Bien des questions auxquelles se heurtent le corps médical, la police et la justice. Dans tous les cas, Emily est au bord de l’enfermement psychiatrique et Jon voit sa carrière ruinée. Mais il va s’accrocher car pour lui, quelque chose cloche. En effet, les cours de différents labos pharmaceutiques semblent avoir été l’objet d’énormes transactions peu avant le meurtre. Est-ce totalement un hasard ? Malgré un rythme d’enfer, il faut bien 1h45 à Steven Soderbergh pour nous amener jusqu’à la brutale vérité de cette étrange aventure dans laquelle le faux-semblant tutoie la réalité avec une assurance effrayante. En même temps qu’il place au pilori toute une industrie dont la récente actualité nous explose dramatiquement au visage, le cinéaste trace le portrait particulièrement cru et sans morale d’un praticien dont l’égoïsme et la soif du gain sont sans limite. Un quatuor de stars campe ces personnages sans foi ni loi avec une justesse de ton qui fait froid dans le dos. J’ai cité Jude Law (Jon), Rooney Mara (Emily), Catherine Zeta-Jones (Victoria) et Channing Tatum (Martin). Excusez du peu !
Robert Pénavayre
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Bande Annonce d’ Effets secondaires