Pour le premier film de Norman Thavaud (à ceux qui ne le connaîtraient pas encore, je me permets de présenter ce véritable phénomène internet, bricoleur de petites vidéos plutôt drôles et bien fichues, idole des 15 – 25 ans, genre le mec trop swag* quoi !!),
il y avait fort peu de chance que la moyenne d’âge atteigne celle d’un public de Clint Eastwood (n’en déplaise à ce vieux croulant de Dirty Harry).
Cela n’empêche, j’avais envie d’aller me faire ma propre idée de la chose car même si j’apprécie le jeune Norman, j’affectionne encore davantage celui officiant derrière la caméra, l’ex Robin des Bois (que voulez – vous, c’est plus ma génération … Rhaaaa, on savait s’amuser à l’époque …) Maurice Barthélémy. D’ailleurs, si vous n’avez pas encore vu son travail en tant que réalisateur, je ne saurais que trop vous recommander Casablanca Driver (documentaire sur un boxer fictif, singulièrement drôle) ou Papa (voyage – retrouvailles entre un père et son fils, formidablement touchant).
Après m’être faufilée dans la salle telle une Christine Boutin traversant une manifestation en faveur du mariage pour tous, l’échine courbée de honte de ne plus figurer depuis belle lurette dans la tranche d’âge du coeur de cible, je m’asseyais donc pour assister à la projection.
Octave et Karine, jeune couple de vincinquenaire, viennent d’emménager au fin fond de la Creuse dans la maison de la grand – mère de lui, elle ayant cédé au voeu de son compagnon de se mettre au vert.
L’installation est un peu chaotique, la maison vieille et pas vraiment pourvue du confort moderne et les habitants du cru un peu méfiants. Mais l’enthousiasme de la jeunesse balaie les problèmes. Seulement, d’étranges phénomènes nocturnes se produisent et viennent perturber le quotidien des deux tourtereaux. Tout comme les inquiétantes apparitions d’un drôle de vieux bonhomme …
Pour essayer de comprendre ce qui se passe, Octave et Karine vont commencer à mener leur enquête et tenter de filmer les manifestations en se faisant aider, notamment, par Thierry Musseau, photographe – vidéaste et fin limier du coin.
Jouant à fond sur la parodie (Paranormal Activity, tout le monde avait suivi je pense), les codes de ce genre de cinéma (caméra subjective, enregistrement des faits se déroulant dans la chambre la nuit, apparitions inexpliquées) et quelques effets spéciaux (car oui, il y en a et croyez – moi, cela aurait pu être pire !), le film de Maurice Barthelemy met aussi en scène le choc des cultures : deux vrais jeunes parisiens branchouilles (l’un peintre, l’autre fervente défenseuse de produits bios et tous deux fumeurs de bons gros jockos) face aux croyances de la faune locale (allez donc tenter d’expliquer à l’épicière du coin que le quinoa est une espèce de boulgour).
Le réalisateur a également la malice de reprendre à son compte ce qui a fait la célébrité de Norman Thavaud (puisque dès le départ, celui – ci filme en permanence ce qui lui arrive – sous couvert de laisser un témoignage pour ses futurs enfants – et s’adresse souvent face caméra). Cela donne de joyeux moments (la présentation du village, la recherche d’inspiration face à la toile blanche) mais parfois inégaux, d’autant que notre jeune ami (débutant dans l’exercice du long métrage) s’appuie un peu trop sur son côté » Norman fait des vidéos » (alors qu’à l’inverse, sa tout aussi jeune compagne, Stefi Celma, semble elle bien plus aguerrie).
Dans le rôle du photographe pleutre et vicelard, s’insinuant avec ses gros objectifs dans la vie du couple, Maurice Barthelemy est épatant, avec un don assez inégalable pour fourrer son nez de pervers dans les petites culottes des demoiselles.
Le tout donne un long – métrage certes disparate mais sympathique, enjoué et vraiment drôle par moments. A ce propos, j’aurais envie de vous poser une question : n’est – ce pas, parfois, tout ce que l’on demande à un film ? A savoir, passer un moment un peu léger, loin des soucis du quotidien ? Pour le coup ici, mission remplie très honorablement.
En vous remerciant.
* : Non mais là ne me demandez pas précisément la définition, il me semble que ça fonctionne à peu près dans ce cas … Rhaaaaaaaaa ça va, c’est mon moment jeunisme, j’essaye juste d’avoir l’air bat, laissez – moi tranquille !!