Halle aux Grains le 11/1/13.
Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Ouverture festive, op.96 ;
Alexandre Glazounov (1865-1936) : concerto pour violon et orchestre en la mineur, op.82 ;
Serge Prokofiev (1891-1953) : symphonie n°5 en si bémol majeur,op.100.
Alexandra Soumm, violon
Orchestre National du Capitole de Toulouse
Direction: Christian Vasquez.
De ce concert du 11/01/13 à la Halle aux Grains il restera le passage inoubliable d’une violoniste aussi talentueuse que belle. Car la jeune Alexandra Soumm a su gagner le coeur du public toulousain comme à chacun de ces passages. Nous avions été subjugué en 2008 par sa sonorité et sa musicalité si délicates dans le concerto de Bruch. Le concerto de Glazounov est bien moins subtil et plus extraverti, voir pompier. Les moyens violonistiques sont époustouflants. La jeune violoniste d’origine russe qui a juste 23 ans, n’a pas manqué de caractériser chaque mesure avec panache. Sa sonorité a trouvé un exact équilibre sur toute la tessiture ne forçant jamais, dans un son d’une constante rondeur. La virtuosité, parfois très extérieure est par elle assumée et souvent elle y ajoute une musicalité inhabituelle. Les nuances sont très variées et les couleurs souvent opposées permettent de dynamiser une oeuvre qui y trouve une théâtralité inhabituelle. Las l’orchestre est lourd, puissant et sans phrasés. Nous garderons donc le souvenir d’une violoniste qui a tenu ses promesses et méritait une oeuvre plus belle et surtout un chef plus musicien. L’Orchestre du Capitole a joué avec plaisir et trop de générosité sonore, la bride au cou lâchée par le chef.
Les deux bis ont été des moments de musicalité suprêmes, L’Allegro furioso de la Sonate n° 2 d’Eugène Ysaÿe d’abord, liant virtuosité et musicalité au sommet, puis la pièce de violon la plus sublime qui soit : l’andante de la sonata BWV 1003 de Jean Sebastian Bach. Le chant aigu du violon y dialogue avec une double corde grave ouvrant une conversation métaphysique. Le souffle retenu, dans un mouvement de gratitude recueilli, le public a laissé un long silence avant d’applaudir. La musicalité d’Alexandra Soumm, son geste délicat et son attitude modeste après les débordements de notes si virtuoses, ont créé un moment de grâce eternelle. Nul doute qu’elle sait dialoguer avec l’âme du violon de Guadagnini de 1785, qui lui sera prêté jusqu’en 2015.
Le beau violon est royal cet hiver à la Halle-aux-grains. Alexandra Soumm en a été la reine, un peu trop seule …
Le prodigieux Sergey Khachatryan ne manquera pas de nous émouvoir dans le concerto de Brahms; il aura la chance d’avoir Tugan Sokhiev sur le podium !
Hubert Stoecklin