Des raretés côtoient les chefs-d’œuvre lyriques dans un coffret contenant la réédition de seize opéras français interprétés par l’Orchestre national du Capitole de Toulouse dirigé par Michel Plasson.
Deux ans après un premier coffret de 37 disques dédié au répertoire symphonique français, EMI Classics poursuit la réédition des enregistrements de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse sous la direction de Michel Plasson (photo). Une nouvelle livraison vient de paraître, contenant seize ouvrages lyriques français, enregistrés dans leur intégralité entre 1976 et 2002. On y retrouve quatre œuvres de Jacques Offenbach, dont « la Vie parisienne » avec Régine Crespin, Mady Mesplé et Michel Sénéchal. Le succès de ce premier disque fut suivi en 1978 par « Orphée aux enfers », avec Mady Mesplé, Jane Rhodes, Jane Berbié et Michel Sénéchal. « La Périchole » réunit en 1981 le duo espagnol Teresa Berganza et José Carreras, puis l’Américaine Jessye Norman est « la Belle Hélène » en 1984. Dirigées avec une exigence dénuée d’effets trop faciles, ces pépites de fantaisie pure témoignent d’un sens éclatant de l’élégance à la française.
De Charles Gounod, on appréciera trois ouvrages, dont deux versions de « Roméo et Juliette » avec José Van Dam en Frère Laurent : la première avec Alfredo Kraus et Catherine Malfitano en 1983, la seconde – incluant le ballet – avec Roberto Alagna et Angela Gheorghiu en 1995. On retrouve José Van Dam en 1991 sous les traits de Méphistophélès dans un « Faust » agrémenté en annexe d’airs et d’une musique de ballet non retenus par le compositeur, et dans la très rare « Mireille » enregistrée en 1979 dans une version de référence. Le baryton belge est aussi de la distribution des trois opéras de Jules Massenet gravés ici. En 1992, il partage alors l’affiche avec Alain Fondary et Teresa Berganza dans « Don Quichotte », rôle dans lequel il excelle. Il chante dans une « Hérodiade » immortalisée en 1994, et dans une « Manon » antérieure.
On entendra encore José Van Dam dans deux raretés captées dans les années quatre-vingt : il tient le rôle-titre de « Guercœur », opéra méconnu mais magistral d’Albéric Magnard, avec Hildegard Behrens, et côtoie l’immense Marilyn Horne, Nicolai Gedda et Jane Berbié dans « Padmâvatî », opéra-ballet d’Albert Roussel. Il est aussi présent dans « Lakmé », de Léo Delibes, interprétée par Natalie Dessay en 1997. Enfin, Georges Bizet est servi en 1989 par Barbara Hendricks dans la Leïla des « Pêcheurs de perles », et par Roberto Alagna et Angela Gheorghiu dans une « Carmen » immortalisée en 2002. Durant ce quart de siècle, les plus grands artistes de la scène internationale ont suivi Michel Plasson dans cette foisonnante exploration des richesses d’un répertoire français souvent délaissé. La précision de son travail s’est inlassablement tournée vers la recherche minutieuse d’une clarté musicale : l’épure lumineuse et soignée plutôt que l’opulence complaisante et maniérée.
Jérôme Gac
« Michel Plasson et l’opéra français », Orchestre national du Capitole de Toulouse (38 CD / EMI Classics)