Isabelle Luccioni reprend au festival de rue de Ramonville sa mise en scène de « Comédie », de Samuel Beckett.
Trois personnages aux corps prisonniers d’une amphore rejouent la « Comédie » de l’adultère. Le mari, la femme et la jeune maîtresse prennent la parole à tour de rôle dans une ronde de mots. Ils monologuent, éructent, gueulent, pleurent, espèrent, se consolent, soupirent. Les mots se chevauchent, les phrases se répondent malgré elles. Chacun dit son désespoir et sa rage sans entendre l’autre. Le train de la comédie humaine poursuit sa route au rythme effréné d’une cascade de tirades sans cesse interrompues, reprises, enchaînées. Les répliques claquent, les mots se rattrapent. Le zapping infernal de la parole s’emballe, la machine s’essouffle. La danse folle des projecteurs s’est arrêtée. La partie de ping-pong verbal s’achève sur des voix qui se bousculent sur une bande sonore.
Avec une économie de moyens, Isabelle Luccioni a réussi le pari de mettre en lumière les multiples facettes de la condition humaine selon Beckett. Du rire aux larmes, de l’amour au désespoir, de la nostalgie à la tendresse, les émotions courent. Minutieusement réglée, sa mise en scène restitue avec brio le désordre intérieur et la solitude de personnages en proie aux peurs de l’éphémère. Pour interpréter cette partition, elle a choisi Catherine Froment, Séverine Astel et Philippe Bussière. Huit ans après sa création au Théâtre de la Digue, à Toulouse, elle est à l’affiche du Festival de rue de Ramonville.
Jérôme Gac
Photo © Bruno Wagner
« Comédie », samedi 15 septembre, 22h30, Festival de rue de Ramonville. Tél. 05 61 00 27 39.