Père à retardement
A la suite de l’accident de bateau qui a plongé sa femme dans un coma dont elle ne reviendra pas, Matt, un célèbre avocat hawaïen, se retrouve en charge de ses deux filles que, visiblement, il n’a pas vu grandir. Si Scottie est encore dans la prime enfance, Alexandra (superbe et convaincante Shailene Woodley) est sur le crépuscule de son adolescence. Il n’est rien de dire que la vie de Matt bascule totalement. D’autant qu’au détour d’une confidence, le bel avocat apprend que sa femme le trompait. Il ne va alors avoir de cesse que d’aller à la rencontre de son amant, en compagnie de ses deux filles et du copain de son aînée. Une équipe improbable qui va pourtant ouvrir les yeux de Matt sur la vraie vie et sur ses valeurs fondamentales : la famille, l’héritage, les racines. C’est donc un véritable Chemin de Damas que le réalisateur américain impose à son personnage. Un chemin un peu cahoteux, tout comme le film, hésitant entre drame et comédie, s’alanguissant dans des affaires de famille un peu plaquées artificiellement. Mais finalement l’émotion transpire. Matt sort peu à peu de son cocon professionnel et se consacre de manière éperdue à la quête de sa propre identité. Et tout cela dans une île pseudo-paradisiaque : Hawaï, qu’Alexander Payne filme avec la froideur d’une carte météo, ses grisailles, son vent, sa pluie. Matt, c’est George Clooney. Il trimbale ici son demi-siècle avec abandon et détachement. Loin d’un quelconque cabotinage, il donne à Matt l’épaisseur d’une banalité quotidienne, celle d’une touchante humanité, dans laquelle il ajoute, tout de même, un humour sombre, presque désespéré. Ce rôle a été écrit « rien que pour lui », confie le réalisateur. A l’écran, c’est l’évidence…
Robert Pénavayre
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