Course contre la montre
On ne réalise pas impunément le génialissime « Bienvenue à Gattaca » (1998). Il est alors fatal qu’un jour ou l’autre ces univers de fiction teintés de réflexion philosophique sur notre société reviennent émerger. C’est ce qui se passe avec le dernier opus d’Andrew Niccol. Notre monde a découvert l’immortalité, ou du moins l’éternelle jeunesse. A la suite de manipulations génétiques, la race humaine ne vieillit plus que jusqu’à 25 ans. Après cet anniversaire mortel, il convient de se débrouiller pour trouver du temps. Plusieurs solutions : le travail payé en heures et en jours, l’emprunt à des taux de plus en plus exorbitants afin de réguler la masse humaine, le vol, mais il ne faut surtout pas tuer avant car sinon le capital temps disparait immédiatement, être bénéficiaire d’un don. C’est justement ce qui arrive à Will. Dans le ghetto réservé aux pauvres, il sauve la vie d’un riche qui a quitté sa zone de luxe hyper surveillée pour aller direct vers une mort salvatrice. Il a plu de 100 ans et en marre de vivre alors que sur son bras s’échelonnent encore dans un décompte absurde plusieurs siècles à venir. Pour le remercier et avant de mourir, il offre tout son crédit à Will. Will va alors rejoindre le luxueux domaine des riches. Mais très vite le gardien du temps s’aperçoit de l’irruption d’un intrus dans ce périmètre protégé. Véritable parabole sur la fracture sociale, l’argent et le temps sont étroitement liés, ce film aurait pu monter très haut dans l’échelle des films d’anticipation. Las, il ne fait que gravir les premiers barreaux. Plombé par des acteurs peu charismatiques (Amanda Seyfried, Justin Timberlake, Cillian Murphy) et un dialogue au rabais qui décrédibilise le propos, sans parler de quelques facilités coupables, le film, malgré un pitch prometteur et, reconnaissons-le tout de même de beaux mais rares moments de suspense, renvoie les aventures improbables de ce Robin des bois du chrono au rang d’une série B. Vraiment dommage !
Robert Pénavayre
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