Concert sûrement complet, cela va de soi, pour assister sur la scène du Bikini à la prestation de la mythique sexagénaire chanteuse rock et guitariste, l’emblématique punk des années 1970, engagée politique sans répit, militante du Green Party, et non du Tea Party ! à 16 ans, inspectrice des guidons de tricycles, poétesse, peintre, photographe, épouse et mère de famille, et veuve, …….
« Je ne veux pas être chanteuse, je veux être poète ! »
A l’occasion de la sortie de sa compilation Outside Society, la légende est de retour en France avec une nouvelle tournée qui ne pouvait que passer par le Bikini. Elles seront nombreuses les tempes grisonnantes dans le public, voire les crinières passablement blanchies sous le harnais, les “perfectos“ un peu ou beaucoup râpés aussi, les Red Wing Shoes carrément troués ou presque, les souvenirs n’ont pas fini de remonter à la surface aussi vite qu’un galop de cheval… Ah, Horses… !!! Album phare du punk de la Grosse Pomme alors naissant, produit par l’ex-Velvet Underground John Cale, Horses était porté par la furie électrique de la guitare de Lenny Kaye et celle de deux figures majeures du rock enragé : Tom Verlaine, leader culte des tout aussi culte Television, et Allen Lanier de Blue Öyster Cult.
Mais il paraît qu’Arthur Rimbaud saura se glisser entre “Because the night“ et “Gone again“.
« A 16 ans, j’ai travaillé en usine : j’inspectais des guidons de tricycles. Je trouvais une consolation dans la lecture d’Arthur Rimbaud. Son intelligence irrévérencieuse m’enflammait. Il me délivrait des horreurs triviales de la vie en usine. C’était pour lui que j’écrivais en cachette, que je rêvais. Je brûlais d’entrer dans la fraternité des artistes. »
De la poétesse,
« J’allais sous le ciel, Muse !
Et j’étais ton féal ».
« Ce vers de Rimbaud m’a menée à la rencontre de mes maîtres, mes amis, mes pygmalions : les poètes Allen Ginsberg et William Burroughs. » nous livre la grande prêtresse du punk dans une autobiographie poignante, Just Kids (Denoël).
De la rockeuse,
« J’ai toujours été rock, rebelle, mais je ne suis jamais tombée dans les pièges de ce milieu. J’ai beau avoir un look gothique, je ne me suis jamais reconnue dans le romantisme décadent et autodestructeur qui accompagnait cette musique : contrairement à ce que l’on croit souvent, je n’ai jamais été accro aux drogues ni à l’alcool. Je ne voulais pas mourir à 27 ans comme Brian Jones, Janis Joplin ou Jim Morrison… »
De la mère,
« En 1979, j’ai quitté la scène pour endosser un nouveau rôle : épouse et mère de famille. Pendant seize ans, j’ai vécu le « conte de fées » avec mon mari, le guitariste Fred « Sonic » Smith. Nous sommes partis habiter dans un trou perdu du Michigan, sans un rond. Je faisais le ménage, la lessive… Ma vie n’avait jamais été aussi punk. J’ai appris à cuisiner et nous avons eu deux enfants, Jackson et Jesse. Je n’ai jamais regretté ce choix. J’avais besoin d’être mère à cent pour cent, d’aimer mes enfants, de les écouter, les accompagner. J’étais heureuse…
Il ne vous reste plus qu’à lire sa “bio“ si vous n’êtes pas parmi les heureux possesseurs d’un billet-sésame pour la soirée du Bikini.
Michel Grialou