Un incroyable ovni cinématographique
Tous les cinéphiles se souviennent encore de ces deux parodies du 7ème art ayant pour héros l’inénarrable OSS 117, deux films dont l’interprète principal est Jean Dujardin et le réalisateur Michel Hazanavicius. Le film que ce dernier présenta in extremis à Cannes dans la sélection officielle en 2011 allait-il être une parodie de film muet, à l’instar de celui que tourna Mel Brooks en 1976 : « La dernière folie de Mel Brooks » ? Non, certainement pas. Nous sommes ici plutôt dans le film-hommage aux pellicules des années 20 et 30 du siècle dernier. C’est en même temps un film dans le film car, si tout ce film est muet, il nous montre également des séquences de films muets. Cette réalisation est aussi un focus sans complaisance sur cette période qui vit le parlant remplacer le muet, avec les drames que cela produisit auprès des comédiens dont certains ne survécurent pas. C’est aux pas de l’un d’eux que ce film nous attache : George Valentin. Starissime insupportable, il va croiser le regard d’une nymphette venue à Hollywood tenter sa chance : Peppy Miller. Elle aura tôt fait de comprendre l’intérêt de s’exprimer et de chanter à l’écran, alors que George refusera cette modernité. Leurs destinées iront alors à l’opposée l’une de l’autre alors que leurs sentiments réciproques s’étofferont en cachette. Une jolie histoire, tournée en noir et blanc bien sûr, sur une musique signée Ludovic Bource, une BO magnifique qui retrouve l’impérieuse nécessité des origines de la musique de film : commenter et accompagner les scènes à l’écran. Soulignons également l’énorme travail sur des éclairages qui, subtilement, escortent par leur brillance puis par leur grisaille, la chute du héros. Jean Dujardin a obtenu la Grand Prix d’interprétation à Cannes 2011 pour ce rôle et ce n’est que justice tant son approche physique de George nous plonge dans le meilleur des grands interprètes de cet âge révolu. A ses côtés, la jeune Bérénice Béjo campe une Peppy Miller débordante d’envie, bourrée de talents et belle à croquer. Tourné à Hollywood, ce film, un rien nostalgique, est un exercice de style incroyable d’audace. Chapeau !
Robert Pénavayre
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