Jeudi 28 juillet 2011 ; Montauban : Temple des Carmes.
Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Passion selon St. Jean, BWV 245.
Solistes : Soprano, Sophie Pattey ; Contre-ténor, Jean-Louis Comoretto ; Ténor, Sébastien Obrecht ; Baryton-basse, Jean-Manuel Candenot ; Basse, Stéphane Imboden. Chœur du stage choral de Montflanquin. Orchestre des Passions. Direction Jean-Marc Andrieu.
C’est une belle générosité qui conduit Jean-Marc Andrieu à diriger un stage choral à Monflanquin proposant à la soixantaine de choristes de travailler une si belle œuvre et de la donner pour deux concerts à Montauban et Monflanquin. Las le temps filant, Jean-Marc Andrieu ne renouvellera a pas ce projet l’an prochain afin de se consacrer a son ensemble des Passions en pleine période de festivals.
Ce premier concert à Montauban a été superbe en émotions diverses. Tout d’abord le plaisir de retrouver les musiciens des Passions les plus aimés comme Flavio Losco et Nirina Bougès aux violons et Etienne Mangot au violoncelle et à la viole. Ensuite des solistes de haut rang comme Sophie Pattey, Sébastian Obrecht et Stéphane Imboden solistes habituels des Passions. Le jeune ténor a ainsi pu étrenner son premier Evangeliste.
On peut prédire que Sébastian Obrecht sera vite redemandé dans ce si difficile exercice. L’évangéliste n’est en effet pas un rôle à proprement parlé. Toujours entre le récitatif et l’arioso la tessiture est meurtrière. Le ténor ici la maitrise avec une lisibilité du texte parfaite. Son engagement est plein de sympathie pour les actions commentées.
Les nuances et les couleurs prises par la voix sont dignes d’un tableau du Titien. D’avantage d’appropriation de la partition lui permettra de l’ abandonner sous peu, mais pour une « prise de rôle » l’exercice est absolument convaincant.
Sophie Pattey a su dépasser la longue attente exigée par sa partie, son air « Zerflisse, mein Herze, in Fluten der Zähren » de la deuxième partie a atteint au sublime. La musicalité conjuguée des flûtes et des hautbois da caccia associée à la maitrise sur le souffle d’une voix aussi délicate qu’émouvante en a conduit plus d’un au bord des larmes.
Les basses, Stéphane Imboden et Jean-Manuel Candenot ont aussi incarné respectivement un Jésus et un Pilate très présents. Dans l’air de la deuxième partie Jean-Manuel Candenot a su danser avec les instruments dans un mouvement entêtant. Seuls Jean-Louis Comoretto a semblé en retrait, probable jour de méforme ou de surmenage.
Le chœur comprenant donc des choristes de toute la région rassemblés pour un stage de 15 jours à Montlflanquin a formé un admirable ensemble dans les nombreux chorals. En peu de temps l’homogénéité obtenue est enviable, la précision du texte également. Pas de doutes avec encore quelques jours les nuances pour les grands chœurs auraient pu être obtenues.
L’engagement de chacun a été très porteur avec un sens du partage avec le public bien venu.
La direction de Jean-Marc Andrieu pleine d’élan et de souplesse a offert une version à la théatralité pondérée de cette Passion selon St. Jean. On le sentait très proche des instrumentistes comme du choeur. Ses Complices de l’orchestre l’ont secondé avec leur engagement coutumier. Le splendeur des violons et leur habileté à tisser les volutes si sensuelles de la partition a été merveilleuse.
Etienne Mangot a joué à la perfection de son tempérament pour offrir une continuo d’une efficacité de tous les instants au violoncelle, relaçant l’action, avant de jouer la partie de viole avec une sonorité d’une beauté renversante.
C’est Sébastien Obrecht qui au final a le plus impressionné car en plus de tenir admirablement le texte narratif il a chanté ses airs avec une facilité déconcertante et beaucoup d’émotion.
Ce concert gratuit, au sommet de la musicalité et de la générosité, a été très apprécié. Jean-Marc Andrieu nous avait déjà régalé d’une passion selon St. Matthieu à la Halle aux Grains il y a peu. Heureux musicien qui sait partager si bien sa passion pour Bach ! Heureux public de Midi-Pyrénées !
Hubert Stoecklin