Le Walhalla selon Shakespeare
Qu’est-ce qui peut bien relier cet acteur et metteur en scène grandi dans l’univers shakespearien et la mythologie nordique ? Un comic book Marvel : Thor. Qui c’est celui-là ? Un dieu avec une particularité précise, il n’est pas armé d’une lance, d’une épée ou d’un arc, mais…d’un marteau. Pas très fun dans le paysage, je suis d’accord. Je vois d’ici la foule des wagnéromanes sourire sous cape. Evidemment, eux connaissent bien ce dieu car c’est celui du tonnerre (d’où le marteau) que l’on retrouve dans le prologue de la tétralogie wagnérienne : L’Or du Rhin, sous le nom de Donner. Il n’est pas le seul ici car, plus ou moins, tous les personnages de ce film comme de cet opéra appartiennent à la même mythologie nordique. Ce petit rafraîchissement fait, encore est-il utile de préciser que les relations qui animent ce gotha divin tiennent plus de la tragédie antique que de la comédie sociale.
Nous voilà donc sur Asgard (le Walhalla en question), domaine des dieux. Odin doit choisir entre ses deux fils lequel sera son successeur. Qui du brun, sage et policé Loki ou du blond impétueux Thor brandira la lance sacrée ? Au moment du choix, un incident lourd de conséquence va ajourner la décision. En effet, des guerriers de Jotuheim, la planète de glace, viennent de s’introduire sur Asgard pour récupérer un objet sacré leur appartenant. Sans rien dire à son père, Thor part avec quelques amis corriger les habitants de Jotuheim. La bataille manque de partir en vrille pour le beau blond. Odin intervient juste à temps et, sur le champ, déchoit son fils de sa qualité divine et l’exile sur Terre. En fait le film commence juste là, quand le sculptural Chris Hemsworth (Thor) atterrit sur notre planète au milieu d’un cyclone. Il va faire alors la connaissance d’une scientifique de haut vol : Jane (Natalie Portman). La suite est totalement captivante. Avec des décors à couper le souffle, un montage sidérant de rythme et d’efficacité, de l’action, de l’humour, du suspense, des rebondissements, une morale aussi (mais oui, mais oui !), sans parler des effets spéciaux, assez bluffants en l’occurrence, voici, dans le genre, l’un des meilleurs films sortis depuis pas mal de temps.
Robert Pénavayre