L’œuvre, me semble-t-il, fait son entrée au Capitole, dans une coproduction à quatre “têtes“.
« Drame musical dont le sujet doit provenir des Ecritures, et dans lequel la solennité de la Musique d’Eglise se joint harmonieusement aux Airs les plus aimables de la Scène. », ainsi va l’oratorio haendelien, ici Balthazar, un parmi les nombreux composés par le musicien luthérien si prolixe, tous domaines confondus, et qui n’a donc pas composé que le si célèbre Messie !
Belshazzar sera créé le 27 mars 1745, sur un livret écrit d’après Le Livre de Daniel, par un certain pasteur Charles Jennens,. Le texte, parfaitement construit et particulièrement riche, va inspirer Haendel le “ Saxon“qui va fournir une partition magistrale, parmi les plus foisonnantes en trouvailles harmoniques et mélodiques, sa musique y soulignant le drame, avec beaucoup d’émotion, dans une rythmique implacable, avec de nombreux tableaux visionnaires.
René Jacobs est à la tête des instruments anciens de l’Akademie für Alte Musik Berlin, ensemble entendu il y a peu dans Medea d Pascal Dusapin / Sasha Waltz.
La tragédie morale évoquée est bien sûr celle de la chute de l’empire de Babylone. Grande fresque biblique pour chœur et solistes, l’œuvre ne se résume pas en quelques lignes, mais retenons que Cyrus, ( Bejun Mehta, jeune contreténor au parcours musical très étonnant) à la tête de ses troupes va renverser et tuer le roi et tyran Balthazar (le ténor américain Kenneth Tarver) sous les yeux de sa mère Nicoris. « Elle voit dans le roi renversé, avant tout le fils assassiné. Les ennemis de Belshazzar voient eux,le tyran justement trucidé. On a les larmes de douleur juste à côté des larmes de joie de la vengeance. On ressent le soulagement éprouvé par la liquidation du roi – que l’on subissait comme tyran – et en même temps, le sentiment de faute parce qu’un homme a été tué. » Christof Nel. Ce dernier, pour sa première expérience dans le domaine du baroque, a la rude tâche de monter la version scénique.
Tour à tour incarnation du peuple hébreu, perse ou babylonien, l’éblouissant RIAS – Kammerchor devra habiter d’une seule âme les prodigieuses sentences chorales.
Michel Grialou
Théâtre du Capitole – du 20 au 27 mai (Réservation en ligne)
crédit photo : Elisabeth Carecchio