A trente-six ans, le jeune ténor français affronte un monument : Die schöne Müllerin. Frantz Schubert a vingt-cinq ans quand il s’attelle à La Belle Meunière à la fin de l’année 1823.
Il est au printemps de sa brève existence, au plein été de sa fécondité créatrice. Image d’un printemps furtif, ce cycle de lieder scelle la rencontre du compositeur avec l’univers du poète Wilhelm Müller. Rencontre exceptionnelle quand l’intuition poétique géniale du compositeur le fait correspondre immédiatement en musique au désir le plus profond du poète.
C’est une histoire racontée par une séquence de lieder, vingt étapes d’un voyage initiatique, mettant comme en scène l’éducation, le destin enfin d’un personnage qui va et vit devant nous, et qui pourrait avoir un nom, l’histoire du petit meunier blanc, proie à quinze ans de ces deux mirages qui l’exaltent trop, le premier voyage, le premier amour. Un tel roman de jeunesse qui s’achèvera au fond d’une eau très pure, mais très froide.
Chanté par un ténor – le registre de voix de Schubert – le cycle dégage sans conteste une impression de plus grande vulnérabilité, d’émotion, et finalement de tendresse et d’innocence. Et c’est un des plus beaux cycles de mélodies.
Xavier Mas est accompagné au piano par Muriel Berard.
Michel Grialou