Une bataille après l’autre un film de Paul Thomas Anderson
Un ex-activiste écolo au cerveau cramé par la fumette à haute dose doit voler au secours de sa fille poursuivie par un complociste blanc déjanté. Dans l’Amérique trumpienne, c’est l’occasion pour le réalisateur du somptueux There Will Be Blood de nous offrir un road trip effréné non dénué d’un humour ravageur avec un DiCaprio survolté. Attention : chef-d’œuvre !

Leonardo DiCaprio (Bob) – Crédit : Warner Bross
Les premières images du dernier opus de Paul Thomas Anderson sont en quelque sorte un prequel à l’histoire principale de ce film. Nous rencontrons Bob, 16 ans avant, en pleine activité plus ou moins écolo-capitalo-terroriste en compagnie notamment de sa compagne Perfidia (Teyana Taylor). Ils font partie d’un groupuscule baptisé French 75, groupuscule âprement pourchassé par le colonel Lockjaw (Sean Penn étourdissant de toxicité), un militaire bas du plafond qui va bientôt intégrer le Club des Aventuriers de Noël, en gros un clan de suprémacistes blancs. Le temps a passé. Bob ne croit plus en grand-chose, d’ailleurs en a-t-il encore les moyens cérébraux ? Mais voilà, il a eu une fille avec Perfidia, Willa (Chase Infinity). Et celle-ci est dans le collimateur du bidasse en folie côté neuronal. Sans prendre le temps de réviser son Manuel de la Rébellion, il se lance à la poursuite de sa fille afin de lui éviter de rencontrer Lockjaw, un nom qui en dit long puisqu’en bon français il se traduit par… tétanos. Tout un programme ! Dans sa quête il va pouvoir compter sur son ami Sergio, maître de karaté (Benicio Del Toro épatant), passeur de migrants mexicains au besoin.
Le scénario est une adaptation très libre du roman de Thomas Pynchon, paru en 1990 : Vineland. Très libre en particulier car nous passons des années Reagan au présent le plus actuel. Tout détailler est impensable tant ce film est foisonnant de scènes et de clins d’œil plus ou moins assassins. Même Tom Cruise y passe… nommément ! Outre une mise en scène stupéfiante de virtuosité, avec une poursuite finale vertigineuse sur une route perdue au milieu de collines qui n’arrêtent pas de faire apparaitre et disparaitre les voitures, c’est certainement la performance de Leonardo DiCaprio que l’on retiendra peut-être. Il faut l’avoir vu tenter de joindre au téléphone les French 75 alors qu’il ne se souvient plus du code qui donne accès à leur repère. C’est irrésistible. Passant le plus clair du film dans une robe de chambre que l’on va qualifier par pudeur de douteuse, l’acteur nous donne encore fois à mesurer l’étendue de son talent. Un Oscar en vue ? Il le mérite largement !
Le film du moment et peut-être de l’année 2025, au minimum !