C’est pour deux soirées à la Halle les vendredi 8 et samedi 9 juin, à 20h que cette messe monumentale sera interprétée. Prière des Morts, glorification des vivants, Messe du culte, poème révolutionnaire, ou simple office religieux au climat théâtral, tel résonne, par-delà les ans, le fameux Requiem de Verdi. Sans doute a-t-il soulevé bien des controverses, mais il a aussi suscité, jusqu’au plus profond des peuples, depuis sa création, un enthousiasme fabuleux dont la flamme n’est pas prête de s’éteindre…
La direction musicale est assurée par Tugan Sokhiev qui sera à la tête de son Orchestre National du Capitole de Toulouse et des Chœurs de l’Orfeon Donostiarra, un des meilleurs chœurs actuels, habitués de la Halle. Les quatre solistes sont, la soprano libano-canadienne Joyce El-Khoury, la mezzo-soprano russe Anna Kiknadze, que nous avons entendu dans Yolanta et les deux Fiançailles au couvent, le ténor Saimir Pirgu, duc de Mantoue dans le dernier Rigoletto ici-même et la basse Vitalij Kowaljow.
Effectif orchestral : c’est un grand orchestre se signalant de plus par pas moins de 4 bassons, 4 trompettes, 3 trombones et un cimbasso, comme dans le Macbeth, ou un ophicléide ou tout simplement, dommage, un tuba, mais avec un expert à l’embouchure !!
Les sept mouvements de la liturgie funéraire intitulée Messa da Requiem, scritta da Giuseppe Verdi per l’anniversario della morte di Alessandro Manzoni, sont :
I. Introït : Requiem et Kyrie quatuor et chœur
II. Sequence (Dies iræ)
Dies iræ chœur
Tuba Mirum chœur et basse solo
Liber Scriptus mezzo-soprano et chœur
Quid sum miser soprano, mezzo et ténor
Rex tremendæ quatuor et chœur
Recordare soprano et mezzo
Ingemisco ténor solo
Confutatis basse solo et chœur
Lacrymosa quatuor et chœur
III. Offertorium : Domine Jesu quatuor
IV. Sanctus double chœur
V. Agnus Dei soprano, mezzo et chœur
VI. Lux æterna mezzo, ténor et basse
VII. Libera me soprano et chœur
Durée de quatre-vingt à quatre-vingt dix minutes suivant les interprétations.
Libera me : cette dernière partie pour soprano obligée, vaste supplication finale, est la reprise à peine modifiée de l’œuvre écrite en 1869 pour ce projet avorté envisagé pour une messe en l’honneur de Rossini. Verdi lui-même, délivré de son vœu musical, termine son œuvre par une libération de la voix-reine. La soprano solo a presque des tons d’imprécation et elle attire sur elle et sur nous les foudres du Dies Iræ qui revient pour la troisième fois nous “glacer les veines“. Après le fracas de la peur, il appartiendra à nouveau à la soprano, sorcière et sainte, de restaurer l’espoir par une longue intervention qui s’envole dans l’aigu. Le chœur cimentera la confiance retrouvée et l’œuvre s’achève “dans un murmure effrayé“. Ainsi se clôt cette stèle musicale, pleine de contrastes, destinée aux vivants.
Voici ce que pensait du Requiem le fameux Bernard Shaw, critique au long court, formidable épistolier, en mars 1901, à la mort du compositeur : « Quoi qu’il en soit, Verdi restera parmi les plus grands compositeurs italiens. Peut-être ses opéras, comme ceux de Haendel, passeront-ils de mode et seront-ils oubliés, alors que le Requiem pour Manzoni demeurera son monument impérissable. Dans ce cas, cette œuvre seule, comme le Messie, le placera en toute sécurité parmi les immortels. »
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Michel Grialou
Orchestre National du Capitole
Tugan Sokhiev (direction) • Chœurs de l’Orfeon Donostiarra
vendredi 08 juin et samedi 09 juin 2018
Halle aux Grains (20h00)
Joyce El-Khoury © Fay Fox
Saimir Pirgu © Fadil Berisha
Anna Kiknadze © N.Razina
Vitalij Kowaljow © Sussie Ahlburg