Dans le cadre des manifestations de La Pause Musicale qui se déroulent tous les jeudis à 12h30 à la salle toulousaine du Sénéchal, un concert d’une belle originalité sera animé, le 27 avril prochain, par un ensemble instrumental d’exception. Le Quatuor Anches Hantées (la poésie de ce patronyme !) offrira un programme basé sur leur dernier enregistrement discographique.
Du haut de sa troisième décennie frémissante, le Quatuor Anches Hantées allie expérience, maturité et jeunesse avec une moyenne d’âge de 35 ans seulement. Le QAH a fait et trouvé sa place, se positionnant comme un véritable pont entre exigence, tradition et mouvement, rencontres et modernité.
Composé de Nicolas Châtelain, clarinette, Sarah Lefèvre, clarinette, François Pascal, cor de basset , et Elise Marre, clarinette basse, le Quatuor Anches Hantées multiplie ses interventions en concert et au disque sur des thèmes particulièrement inventifs.
La pratique artistique du Quatuor consiste à tendre la main à tous les publics et à trouver ainsi l’équilibre entre programme dense (souvent pensé comme destiné aux mélomanes avertis) et forme plus ouverte et éclectique (pour un plus large public). Grâce à de subtiles transcriptions, ces musiciens empruntent au grand répertoire les œuvres qu’ils exécutent comme des originaux. S’approprier, avec quatre clarinettes, le grand répertoire du quatuor à cordes, tel est le défi que ces musiciens ont choisi, une nouvelle fois, de relever. « Plonger dans une écriture dense, nouvelle, qui oblige à être là, en jeu, en implication permanente, qui exige. » nous disent-ils.
La nouvelle parution discographique du Quatuor – Photo CD : Pierre Soulages, Peinture 162×724 cm, Novembre 1996, Huile sur toile. Appartient au peintre, en dépôt au Musée Soulages, Rodez © Paris, Adagp 2023 Photo : Maxime de Bollivier –
Leur concert du 27 avril reprendra donc le programme de leur dernier enregistrement intitulé Fanny M, créé et enregistré en 22/23 en hommage à la sœur musicienne de Felix Mendelssohn.
Construit autour de Fanny Hensel Mendelssohn, alias Fanny M, ce programme est, en outre pour eux, l’occasion de réhabiliter un répertoire féminin trop longtemps négligé, « de partager la vie artistique d’une voix qui a dû se battre pour se faire entendre, donner à entendre le silence d’une femme aimée, invisible, la rendre audible ».
La notion de filiation sert ici de fil conducteur, conduisant de Beethoven à la création contemporaine. L’influence du maître de Bonn qui, dès son quatuor opus 18 n° 1, « repousse déjà les limites harmoniques et les formes de son temps », est ainsi manifeste dans l’œuvre de Fanny Mendelssohn. L’unique mais remarquable incursion de la musicienne dans le genre du quatuor témoigne de véritables hardiesses de langage face auxquelles son frère Felix se montra même troublé. De ces deux créateurs visionnaires, le compositeur d’aujourd’hui Richard Dubugnon revendique, aujourd’hui, ouvertement l’héritage. Et c’est justement à ce dernier que le Quatuor Anches Hantées a passé commande, pour la seconde fois, dans le cadre de ce nouveau projet.
Une nouvelle découverte s’offre donc à tous les publics ce jeudi 27 avril à 12h30 à la salle toulousaine du Sénéchal.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse