1er mai 2021, Washington a commencé le retrait de ses troupes d’Afghanistan. Après vingt ans de guerre, les talibans sont de retour. Fin août ce retrait sera total et nul n’ignore que l’armée régulière afghane ne tiendra pas face aux envahisseurs.
Nour Malowé © Mélania Avanzato
Le roman de Nour Malowé trace le portrait de Marwa, docteur dans un hôpital de Kaboul. Elle est mariée et maman de trois enfants, deux garçons et une fille. Dans cet établissement, chaque jour voit le départ qui d’un infirmier, qui d’un médecin, qui d’un chirurgien. Le matériel médical ne sera pas renouvelé. Dans trois mois, il n’y a aura plus rien. Pour l’heure, Marwa tente de refuser l’inéluctable. Elle vit au jour le jour, faisant face à d’incroyables urgences. Sa vie de famille poursuit son cours. Shor a quinze ans. Elle a la tête pleine de projets d’avenir. Alors que les districts tombent un à un, Marwa continue de soigner, d’opérer, de rassurer. Belkheir et Ahmad, leurs fils, ont des idées bien arrêtées sur la suite des événements. Peut-être pas tout à fait les mêmes d’ailleurs… La radio abreuve de nouvelles alarmantes. La fuite serait une solution. Le mari de Marwa va commencer un long cheminement afin d’obtenir les documents nécessaires à cet exil qui ne dit pas son nom. Nour Malowé nous fait vivre de la manière la plus incandescente les derniers moments de liberté de ce pays. C’est littéralement traumatisant car raconté avec une précision quasi chirurgicale ne faisant aucune économie sur la violence de ces moments et leur inhumanité. Marwa a connu le temps des talibans. Elle en connaît cette horreur qui détruit non seulement les familles mais le pays dans son entier.
Un très beau livre, somptueusement écrit, à lire impérativement pour appréhender plus intimement que sur les chaines d’informations en continue le désastre qui s’est, de nouveau, abattu sur cette population. Le portrait souverain d’une femme afghane dans toute la puissance de ses convictions et de son désir de liberté.
Le printemps reviendra • Editions Récamier
