Thomas Ngijol prend tout le monde à contrepied avec « Indomptables », son 4efilm comme réalisateur. Point de comédie délirante à l’horizon, place à un polar mélancolique tourné à Yaoundé, au Cameroun.
Révélé par le Jamel Comedy Club, Thomas Ngijol a longtemps œuvré dans l’humour bien déjanté, flirtant souvent avec la parodie. Au cinéma, avec lui devant et derrière la caméra, cela a notamment donné « Case départ » (2010) et « Black Snake, la légende du serpent noir » (2017), soit un succès et un échec. Avec « Indomptables », qu’il a coécrit, réalisé et dont il est l’interprète principal – et la seule vedette – l’artiste prend le risque de désarçonner son public. Le film est en effet un polar à la tonalité très sombre, plus proche d’«Un flic », de Jean-Pierre Melville, que du thriller haletant… ou de la comédie potache. Thomas Ngijol y incarne un commissaire de police chargé de l’enquête sur l’assassinat d’un collègue.

Thomas Ngijol dans « Indomptables ». Photo Why Not Productions
On comprend très vite que l’aspect suspense n’intéresse pas le réalisateur. Son propos est de tracer le plus finement possible le portrait d’un homme tiraillé entre son boulot – qu’il exécute avec un sérieux et une honnêteté sans faille – et sa vie de famille, qu’il a le plus souvent négligée. Sa femme réclame plus d’attention, ses 5 enfants aussi, dont l’aînée, avide de mener librement sa vie. « Indomptables » est aussi le portrait d’une ville, Yaoundé, à la fois désirable et détestable ; pleine de vie et dévorée par la misère, la drogue et la corruption. S’il s’offre quelques rares moments de détente, le film avance dans les pas incertains, parfois presque somnambuliques, de son commissaire toujours cravaté. Cela lui donne tout son prix mais aussi ses limites, l’intérêt du spectateur étant inégalement sollicité et récompensé, malgré le travail impeccable de Thomas Ngijol.
« Indomptables », de Thomas Ngijol, actuellement au cinéma.