Restaurer, pour Raphaël Ibanez, ce n’est pas simplement réparer, mais révéler, faire parler les murs, laisser parler une beauté parfois diminuée par les siècles. À 35 ans, cet artisan de l’ombre manie les pigments comme d’autres manient les parpaings, avec patience, méthode et humilité. Installé à Toulouse depuis 2023, il a fondé il y a près de vingt ans l’Atelier Pax Cultura, une structure spécialisée dans la conservation et la restauration de peintures murales.

Restauration peinture purale © Raphaël Ibanez
Né dans un environnement familial sensible à l’histoire et à l’art, Raphaël s’est rapidement passionné pour les œuvres anciennes. Ce sont les artistes de la Renaissance qui ont allumé les premières étincelles de passion, « je n’avais ni confiance en l’art contemporain, trop éloigné de mes centres d’intérêt, je voulais restaurer et non pas créer, en révélant la beauté de l’histoire, La frontière est ténue : restaurer, c’est aussi, d’une certaine manière, réinstaurer ». Il débute par des études artistiques mais s’en détourne vite, frustré de ne pas y retrouver la dimension historique qu’il recherchait. C’est la restauration de peintures murales qui finit par lui offrir cette proximité avec l’œuvre, cette possibilité de toucher, de compréhension de l’œuvre. Pour atteindre cet objectif, le chemin n’est pas sans encombre.
D’un palais princier à des églises
En France, seules trois écoles permettent d’obtenir le diplôme d’État nécessaire pour intervenir sur des biens publics ou classés. Raphaël choisit celle d’Avignon, où il obtient son diplôme de conservation-restauration, homologué par le ministère de la Culture. Ainsi, il se lance en 2007 dans le Var, à son compte, en créant l’Atelier Pax Cultura, et enchaîne les chantiers dans le sud de la France avant de poser ses valises à Toulouse il y a peu. Son parcours compte des restaurations prestigieuses, comme les restaurations de peintures du palais princier de Monaco, des façades d’hôtels de ville, l’entièreté de chapelles privées, d’églises… Tantôt sous l’égide d’une entreprise via appel d’offres, tantôt à la demande directe de particuliers. Il lui arrive aussi, plus rarement, de restaurer des tableaux. Quoi qu’il en soit, c’est technique.
Un travail minutieux, de longue haleine
La restauration murale est un métier en plusieurs étapes. « Il faut d’abord s’occuper du support, soit retirer les éléments ajoutés puis purger les zones endommagées, refixer les pigments fragilisés », explique-t-il. S’ensuivent les retouches picturales, avec une exigence d’adaptation selon les époques et les techniques, « Une restauration doit créer l’illusion de loin, tout en restant identifiable de près, sauf quand le commanditaire souhaite effacer toute trace. »
Les peintures sur lesquelles il intervient datent du XVIe au XXe siècle pour le moment. À chaque projet, il faut se documenter sur l’artiste, son geste, son style, pour approcher au plus juste l’esprit d’origine. Et surtout, utiliser des matériaux réversibles, une règle d’or dans la profession, qui n’a pas toujours été respectée, « en témoignent certains travaux réalisés au XXe siècle, marqués et repérables d’un simple coup d’œil », affirme Raphaël Ibanez. Un véritable passionné par la restauration de peintures murales, mais également par les trompe-l’œil.
Être à la fois restaurateur et artiste, c’est possible avec Raphaël
Dans le domaine, la ligne est marquée, un restaurateur n’est pas un artiste, il ne signe pas ses restaurations et restitue (au mieux) les peintures. Mais alors poussé par des envies créatrices, Raphaël Ibanez a décidé d’élargir son activité professionnelle. Il propose désormais des trompe-l’œil, un travail décoratif où son expertise trouve un nouveau terrain d’expression. « L’idée, c’est d’ouvrir, mettre du relief, de la perspective pour agrémenter le regard des passants et rendre plus gais les quartiers », explique-t-il. Ces commandes, notamment de la part de mairies, viennent compléter son calendrier de restaurations historiques. C’est aussi un complément économique non négligeable.
Malgré vingt ans d’expérience, l’incertitude persiste : « Je flippe toujours de ne pas réussir à retrouver un autre chantier », avoue-t-il. « C’est un paradoxe, parce qu’en regardant derrière moi, tout s’est toujours bien passé en bientôt 20 ans de carrière », relativise l’artiste.
Pour Raphaël Ibanez, restaurer, c’est aussi tenter de réconcilier le monde avec l’art tel qu’il était il y a plusieurs siècles, avant que les artistes du XXe et XXIe siècle ne viennent casser les codes.
Informations pratiques :
Téléphone : 06 59 04 71 59
Adresse : 26, rue Gatien Arnoult, 31000 Toulouse ( sur rendez-vous )