The Phoenician Scheme de Wes Anderson
Le treizième long de l’Américain Wes Anderson se hisse clairement sur le podium des réussites majeures de ce réalisateur. Entre Tintin au pays de l’arnaque et une lumineuse leçon de vie, ce film nous transporte dans l’univers aussi magique que surréaliste et décalé d’un cinéaste aimant à s‘entourer, comme d’habitude, des plus grandes stars du 7e art.

Mia Threapleton (Liesl) et Benicio Del Toro (Zsa Zsa) – Crédit : TPS Productions
Au milieu du siècle dernier, dans un pays par définition imaginaire. Zsa Zsa Korda est un industriel richissime cherchant à concrétiser un projet de dingue, littéralement pharaonique. Sauf qu’il n’a pas l’argent pour ce faire. Nous le rencontrons alors qu’il parcourt la planète entière afin de réunir les fonds auprès des pires requins de la finance. N’étant pas d’une probité sans faille, Zsa Zsa suscite moultes réticences. Mais voilà, avec son habitude de distribuer à ses « amis » des grenades offensives comme vous offrez des cigares, il finit par convaincre tout cet univers totalement pourri. Il se fait suivre dans cette drolatique déambulation financière par sa fille Liesl qu’il a exfiltrée d’un couvent où elle allait prononcer ses vœux. Il veut en faire l’unique héritière à la tête de son empire industriel. Nous allons vite nous apercevoir que l’ex-future nonne n’avait rien pour devenir une sainte. Les gènes, que voulez-vous ? L’histoire, complétement abracadabrantesque, nous vaut une galerie de personnages à hurler de rire, d’autant que Wes Anderson attire des acteurs de premier plan pour des rôles de… second plan : Bill Murray, Benedict Cumberbatch, Charlotte Gainsbourg, Scarlett Johansson, Tom Hanks, Matthieu Amalric, entre autres ! Mais ce qu’il y a de plus étonnant chez ce cinéaste, c’est certainement son esthétique pétrie de symétrie et d’une véritable addiction au détail qui fait écho à la précision de sa direction d’acteur. Tout est au cordeau de manière hallucinante. Des couleurs aux lumières, des costumes aux décors, la composition est vertigineuse de rigueur et de netteté. Ajoutez à cela un Benicio Del Toro en Zsa Zsa irrésistible sans l’once de la moindre morale, une Mia Threapleton en Liesl qui a tôt fait de brandir le poignard en lieu et place du goupillon et un Michael Cera impayable en précepteur/espion/obsédé par la fille de son patron et vous avez un cocktail jubilatoire à déguster sans retenue.