Enfant de musicien et passionné de culture hip-hop au sens large, Deep Kelins qualifie sa musique d’introspective et psychologique. En abordant certains thèmes de société avec des inspirations allant du rap aux sonorités latines en passant par du rock, l’artiste parle de son vécu en essayant de toucher le plus grand nombre de ses auditeurs. Il a raconté à Culture31 son histoire, liée à sa musique et aux thématiques qu’il aborde.

Deep Kelins – crédit photo : Arthur Sailor
Culture 31 : En tant que fils de musicien tu as toujours baigné dans la musique, quelle est ton histoire avec elle ?
Deep Kelins : Au départ tout part d’une volonté de faire comme mon père, je dirais. J’ai pris des cours de musique très tôt, et j’ai eu la chance d’apprendre plusieurs instruments comme le piano, la batterie, la basse, etc. Cette discipline a très vite pris une grosse place dans ma vie de par l’éducation musicale que mon père nous transmettait à mes frères, sœurs et moi. Forcément, l’amour pour la musique à très vite suivi, avec cette volonté de toujours apprendre différents instruments et vouloir expérimenter cet art sous toutes ses formes. J’ai bifurqué quand j’ai découvert le rap, aux alentours de mes 11 ans. J’ai commencé à sérieusement me spécialiser vers mes 13 ans avec mes premiers textes, et par la suite, j’ai commencé à produire à mes 15 ans.
Pourquoi avoir choisi le rap plutôt qu’un autre genre musical ?
Malgré cette éducation anticipée et mon amour pour la discipline qu’est la musique, j’ai rarement été très sérieux dans l’apprentissage. Ça demandait une régularité et une implication qui me rebutait un peu. C’était sûrement lié au manque de maturité que j’avais quand j’étais plus jeune d’ailleurs, parce qu’avec l’âge, j’ai finalement appris à apprécier ce genre de méthodes d’apprentissage. Au-delà de l’aspect disciplinaire qui m’intéressait moins, mon amour pour la musique était toujours là, et c’est le côté créatif qui me faisait le ressentir au maximum. Mon intérêt pour la culture Hip-Hop et le phénomène de mode qu’est ce genre musical m’ont naturellement orienté vers le rap. C’était le style qui me parlait le plus et avec lequel ma volonté de créer et de composer se mariait le mieux. J’ai bien fait d’ailleurs, en étant quelqu’un d’assez introverti au départ, le rap m’a vraiment aidé à m’ouvrir au monde et m’a permis de m’exprimer le plus possible.
Quelles sont tes inspirations ?
Elles sont vraiment nombreuses, je pense indirectement m’inspirer de tout ce que j’écoute ou même de ce que j’entends. Mais pour les principales, ceux qui me viennent en tête quand je compose, je dirais La Feve, Isha, Varnish et Makala. Je catégorise ces inspirations de « principales » parce que ce sont des rappeurs qui correspondent à des périodes de ma vie et qui m’inspirent autant en tant que personne qu’en tant qu’artistes. En tant que fils de musicien, il y a pas mal d’autres chanteurs qui m’influencent, notamment sous l’aspect de la production par exemple. Des artistes comme Mathieu Chedid, Richard Bona, Fred Metayer m’ont beaucoup influencé au niveau de la forme que la musique peut prendre, dans sa composition ou son rendu final. Mes parents m’ont aussi mis beaucoup de musique cubaine dans les oreilles, et je pense que ça se ressent sur pas mal de sonorités que j’ai été amené à produire. Évidemment comme tout fan de rap des artistes américains bien implantés dans l’industrie m’ont aussi impacté. Des rappeurs comme Kendrick Lamar, Travis Scott ou Kanye West m’ont forcément touché de par leur influence sur le Hip-Hop moderne.
D’ou vient cette volonté de produire en plus d’écrire et raper ?
C’est venu assez naturellement. J’aime la musique avant d’aimer le rap, et les bases que j’ai eues étant plus jeune m’ont permis de pouvoir produire assez facilement. Cette volonté de créer a dû jouer aussi dans ce choix. Je pense que si j’avais été né dans les années 70, j’aurais fait du rock, dans les années 50 du jazz etc. Quoi qu’il en soit, je fais de la musique de façon complète, avec une volonté que mon style m’appartienne totalement, donc produire était la suite logique pour moi.
Tu compte changer la direction artistique de ta musique ?
En effet, se livrer en tant qu’artiste et axer mes textes sur de l’introspection, c’est assez risqué, en plus d’être compliqué. C’est assez effrayant en réalité, et si jamais ma musique fonctionne et plaît à l’avenir, j’aimerais pouvoir bien le vivre. M’exposer, dire tout ce qu’il me passe par la tête sans aucun filtre, ce sont des choses que je n’ai plus trop envie de faire. On ne connaît jamais vraiment les gens, donc j’ai quand même une volonté de me préserver. Je sens que si je continue, mes textes pourraient diviser mon public, alors qu’au départ mon but, c’est quand même de rassembler les gens. À l’avenir, je prévois donc de filtrer toutes mes paroles par un univers imaginaire, qui pourra être interprété de différentes façons. Ça me permettra de me décentrer, et d’être un peu plus universel, pour toucher un public plus large, tout en me préservant.

Visuel Dans Les Nuages Deep Kelins – Auteur : Kuzkoro
Les réseaux de l’artiste :
> https://www.instagram.com/deep_kelins/