CRITIQUE, concert, TOULOUSE. Halle-aux-grains, le 28 mai 2025.CHOSTAKOVITCH Concerto pour Violoncelle n°1/ BRUCKNER symphonie n°7. Sol Gabetta, violoncelle. Orchestre de la Staatskapelle Dresden. Direction : Tugan Sokhiev.
Les Grands Interprètes invitent l’excellence musicale pour
leur dernier concert de la saison.
L’orchestre n’est pas comme les autres car la Staatskapelle Dresden est le plus ancien du monde (1548). Sa sonorité reste unique et garde une excellence quasi indescriptible.
La soliste Sol Gabetta avec son violoncelle Goffriller trouve des sonorités uniques. Sa musicalité est si personnelle qu’elle enivre l’auditeur le plus exigeant dans son immense répertoire. Dans Chostakovitch elle exxcelle.
Le chef Tugan Sokhiev est l’un des plus aimés tant des critiques que du public ainsi que des orchestres en raison d’un engagement envers les musiciens hors du commun.
Le répertoire enfin pour ce concert est d’une grande richesse. Le premier concerto pour violoncelle de Chostakovitch et la septième symphonie d’Anton Bruckner.
Dernier concert d’une tournée l’émotion était à son comble d’autant que Tugan Sokhiev retrouvait son public toulousain tant aimé. Dès les premières notes du concerto de Chostakovitch il est certain que l’interprétation sera inoubliable. Avec une musicalité suprême Sol Gabetta s’empare de cette partition exigeante pour la faire chanter, vibrer, tonner, rugir ou languir. Elle renouvelle cette œuvre si spectaculaire écrite pour Rostropovitch en 1959. La beauté de ses sonorités comme de ses phrasés nous ensorcelle. Les nuances sont d’une subtilité extrême. La noirceur de certains passages n’en est que plus inquiétante. Tugan Sokhiev met les splendeurs de l’orchestration de Chostakovitch au service de cette version si personnelle du concerto lui aussi nuançant admirablement et obtenant de l’orchestre des sonorités sublimes ou effrayantes.
Le succès est retentissant et Sol Gabetta avec le célesta, très à l’honneur dans cette partition, va donner un bis très original adapté d’un chant populaire de De Falla.
La deuxième partie du concert va nous entrainer dans le monde simple et grandiose de Bruckner. Cette vaste symphonie va devenir une ode hédonique à la nature et sa sublime grandeur. L’orchestre de Dresde va éblouir encore d’avantage par des sonorités incroyablement riches. Les cordes ont une solidité et une chaleur sublimes. Les bois plus frais que ronds offrent une complément de couleurs passionnant. Mais se sont les cuivres qui ont une présence terriblement efficace dans cette partition qui les met en valeur. Le cor solo a des moments de pure merveilles et les gros cuivres sont majestueux et magnifiques.
La direction de Tugan Sokhiev à main nue sculpte le son, avec une élégance infinie. Les geste sont de plus en plus évidents et la musique semble sortir de ses mains. Tugan Sokhiev qui connait parfaitement les qualités de cette Halle-aux-Grains et ses défauts construit des nuances d’une extraordinaire subtilité arrivant à des forte terrifiants sans jamais saturer.
Le public conscient de la splendeur de cette interprétation fait un triomphe aux interprètes. Rarement les Grands Interprètes n’auront si bien mérité leur nom et l’excellence qu’il contient. L’an prochain Les Grands Interprètes fêtera ses 40 ans avec faste. De très nombreux concerts porteront les marques de cette excellence.