Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Le Train sifflera trois fois de Fred Zinnemann
Si le film de Fred Zinnemann, sorti en 1952, ne compte pas parmi les meilleurs westerns de l’histoire du cinéma, il en est toutefois l’un des plus célèbres et il a offert à Gary Cooper l’un de ses rôles emblématiques. Dans une petite ville de l’Ouest, alors que le shérif Will Kane vient de se marier et s’apprête à quitter ses fonctions, est annoncée le retour dans la bourgade de Frank Miller, un bandit juste sorti de prison et naguère arrêté par Kane. Miller doit arriver, moins de deux heures plus tard, par le train de midi dans la gare où l’attendent trois complices. Conscient que son départ programmé n’assoupira pas le désir de vengeance de Miller, Kane décide de rester dans la ville pour l’affronter, mais aucun des autres habitants n’est prêt à l’épauler…
Le Train sifflera trois fois frappe d’emblée par son économie de moyens et sa dramaturgie quasiment développée en temps réel. Autre singularité : il y a très peu de scènes d’action et l’affrontement final n’a rien de très spectaculaire. Zinnemann et son scénariste (Carl Foreman) ont plutôt misé sur la tension narrative et le dilemme moral du héros tout en mettant en exergue la lâcheté collective d’une communauté où chacun trouve une raison à sa démission.
L’ombre du maccarthysme
Quant au personnage de Kane, il doute et avoue avoir peur, mais choisit malgré tout d’assumer ses responsabilités, seul contre tous, ou presque, car il recevra le renfort inattendu de son épouse (Grace Kelly), bien qu’hostile à la violence, lors du moment de vérité. En dépit de ces quelques originalités, Le Train sifflera trois fois a assez mal vieilli. Les personnages secondaires n’ont guère d’épaisseur (signalons le premier rôle de Lee Van Cleef parmi les hommes de mains de Miller), les personnages féminins sont caricaturaux, la musique aussi envahissante que tapageuse donne des envies d’aspirine…
Pas de réel suspens non plus : on n’imagine pas à l’époque le « gentil » mourir sous les balles du « méchant ». Reste en sous-texte une parabole sur le maccarthysme, mais celle-ci est tellement subliminale qu’elle passa largement inaperçue lors de la sortie du film. L’année suivante, Fred Zinnemann signera un autre classique hollywoodien avec Tant qu’il y aura des hommes, film également surévalué.
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